Le baromètre Ipsos-Logica Business Consulting pour Microsoft montre que les Français privilégient les portails d'actualité (51%) et les sites des médias (46%) en matière d'information politique, loin devant les réseaux sociaux (17%). La télévision (71%) et la radio (56%) restent les médias privilégiés tandis qu'Internet devient la troisième source d'information, devant la presse (23%), en touchant un tiers des personnes interrogées.
Internet est-il un média politique?
Alexandre Michelin. C'est un média qui a un impact politique considérable comme l'a montré le printemps arabe ou le «Facebook effect» qui permet, par exemple, à des Colombiens de se mobiliser face aux Farc. Internet est en train de s'imposer par sa capacité de mobilisation et de vélocité. En France, cependant, à moins d'être militant, on ne s'affiche pas politiquement sur son profil comme dans les autres pays. Il y a même un discrédit sur le rôle des politiques. De plus, 87% estiment que le Web «facilite les rumeurs et les fausses informations». Il y a donc une demande de maîtrise, de validation, aussi bien par sa communauté que par des gens dont on reconnaît l'autorité. Avec RTL et M6, MSN a créé «2012 et vous», qui totalise un million de visiteurs uniques en associant l'outil interactif à la crédibilité des médias traditionnels. Sur Marine Le Pen, nous avons eu 100 000 consultations de vidéos, 4 000 contributions et 600 questions.
Internet est encore derrière la télévision et la radio alors qu'il touche presque tout le monde. Comment l'expliquez-vous?
A.M. Ce n'est pas, en effet, la révolution qu'on nous avait prédit. Il y a toujours une prépondérance des médias traditionnels. Ce n'est pas le blogueur qui fait l'opinion. Mais sur les 18-24 ans, le numérique domine, et peut-être même les «pure players». Les moins intéressés par la politique sont aussi les plus impliqués sur Internet. C'est une évolution profonde qui s'accélère d'une élection à l'autre. Le journal télévisé reste un baromètre, mais on rigole et on s'informe aussi avec des vidéos humoristiques. On constate également de nouvelles formes de mobilisation comme les Indignés, avec lesquels on témoigne de sa sympathie.
Peu de gens affichent leurs opinions politiques sur leur mur Facebook. Est-ce que ça n'exclut pas le sujet des conversations sur les réseaux sociaux?
A.M. Oui, mais cela ne veut pas dire que ça ne va pas évoluer. Les 18-24 ans ont une vision différente de ce qu'ils peuvent publier. On a tendance à projeter des choses de notre génération. On peut aussi imaginer des candidats qui mobilisent sur des niches. Et, si surprise il y a lors de la présidentielle, Internet aura joué un rôle considérable. Les extrêmes poussent beaucoup leur campagne sur le Web.