À peine lancé, l'appel à candidatures pour six nouvelles chaînes nationales en haute définition sur la TNT, fait recette. Une quinzaine de projets sont déjà en préparation (lire l'encadré). Les six petites nouvelles, dont les dossiers devront être déposés au plus tard le 10 janvier 2012, seront désignées par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) à la mi-mars. Fin 2012, le paysage audiovisuel français passera ainsi de dix-neuf à vingt-cinq chaînes nationales. Est-ce trop?
«Le CSA aura un arbitrage difficile à faire entre les chaînes thématiques aux budgets modestes et les minigénéralistes mieux dotées pour peser sur le marché publicitaire», relève Philippe Nouchi, directeur de l'expertise média de Reload Vivaki (Publicis).
Il semble toutefois que le marché attende surtout des programmes thématiques ou destinés à un public clairement identifié, comme les CSP+. Le risque est de voir l'espace publicitaire des chaînes actuelles de la TNT rester sous-valorisé, et donc de limiter les capacités d'enrichissement des programmes par un impact négatif sur l'ensemble des télévisions.
«Nous estimons qu'il y a encore la place pour de nouvelles chaînes, mais plutôt pour des programmes de complément que de nouvelles minigénéralistes», confie-t-on également dans l'entourage du ministre de la Culture et de la Communication, Frédéric Mitterrand.
Enthousiasme identique chez les producteurs qui y voient de nouveaux territoires créatifs. Les constructeurs de téléviseurs, eux, attendent des nouvelles chaînes une hausse des ventes.
Le marché publicitaire semble miser plutôt sur des chaînes ciblées ou générationnelles, afin d'affiner les plans médias. Cependant rien n'assure que les annonceurs, plus enclins à faire des choix budgétaires, s'y précipitent.
«La croissance du marché publicitaire TV devrait se situer entre 1% et 2% sur les années à venir, et cela ne permettra pas de financer autant de nouvelles chaînes», tranche Philippe Nouchi de Reload.
D'autant que le CSA, à leur lancement, s'est engagé pour une couverture initiale sur «au moins 25% de la population française» avant un déploiement total en 2014. Elles devront donc s'appuyer dès le début sur les autres plates-formes de diffusion: ADSL, câble et satellite.
Dans ce contexte, rien n'interdit au CSA de limiter le nombre de nouvelles chaînes à quatre, ou même trois, afin de préempter des canaux pour le service public. Les fréquences restantes pourraient alors être attribuées à des chaînes de la TNT existantes désirant passer en haute définition, comme France 3 ou France 5.