Certes, la situation n'est pas aussi catastrophique qu'aux Etats-Unis, où 100 000 emplois ont été supprimés dans les journaux depuis 2007. Reste qu'entre 2008 et 2010, les quotidiens français ont vu leurs effectifs diminuer de 6%, soit 1 500 postes en moins, d'après nos estimations. A eux seuls, les quotidiens régionaux ont perdu près de 1 000 CDI en trois ans, soit une baisse des effectifs de 6,6%, selon des chiffres du Syndicat de la presse quotidienne régionale. Particulièrement touchés, les ouvriers et les employés, dont la réduction des effectifs dépasse les 10%. Les journalistes, eux, ont perdu 188 emplois entre 2008 et 2010, soit un recul de 3,4%.
Cette disparité s'explique par les plans de modernisation qui ont touché le prépresse et l'imprimerie, entraînant de nombreux licenciements. «Dans les rédactions, l'essor du digital s'est moins traduit par une réduction des effectifs que par la formation des équipes», analyse une source patronale.
Du côté de la presse quotidienne nationale, la masse salariale a été allégée de 538 postes, CDI et CDD compris, soit une baisse de 5,7% entre 2008 et 2010, selon l'organisme paritaire Médiafor. Parmi les journaux les plus touchés, Le Monde et Le Figaro, qui ont mis en place tous les deux un plan de départs volontaires en 2008, portant respectivement sur 130 et 71 salariés. Au Monde, en 2011, la clause de cession est aussi reponsable de 35 départs du quotidien – en partie remplacés. En cours de négocation également, 48 suppressions nettes de postes au Parisien-Aujourd'hui en France, 158 aux Journaux du Midi, 89 à France Soir et 17 à La Tribune. «Ce sont les journalistes du service édition qui sont les plus touchés. La qualité risque d'en être fortement affectée», regrette Romain Altmann, responsable de la communication du syndicat Infocom-CGT.
Entre 2008 et 2010, plus de 1 500 emplois ont été supprimés dans les quotidiens français.