internet
Diffuseurs TV et «pure players» du Web poursuivent des intérêts contradictoires. Le branchement du téléviseur à Internet laisse augurer une guerre de positions.

Avant les téléviseurs, ce sont les professionnels qu'il faudra connecter entre eux. Le 29 avril, à l'occasion d'un colloque organisé par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) sur la télévision connectée, les divergences étaient flagrantes. Les opérateurs Internet, tels Google et Dailymotion, y voient une chance, et les diffuseurs plutôt un danger. Pour Nicolas de Tavernost, le président de M6, le nouveau mode de diffusion, «entraînera un risque de piratage massif des œuvres». Pour lui, la France a trop de groupes audiovisuels, alors que «face à l'hyper-choix, la réponse se sont des marques fortes». Une position partagée par Rémy Pflimlin, président de France Télévisions, qui y voit néanmoins «une incroyable opportunité de faire la différence» grâce à un enrichissement de l'offre (données associées, vidéo à la demande, télévision de rattrapage, etc.). Selon nos informations, le groupe public se prépare d'ailleurs à intégrer, avec un portail d'informations, une offre commune de TV connectée, qui sera lancée en juin.

Nonce Paolini, PDG de TF1, demande une harmonisation globale. «Tous les acteurs doivent être mis sur un même pied d'égalité», estime-t-il, en réclamant une égalité des contraintes éditoriales et fiscales entre opérateurs TV et Internet. Cette logique, Martin Rogard, directeur France de Dailymotion, ne la partage pas. «Pas question d'avoir les mêmes règles, car nous n'avons pas de fréquence hertzienne», soutient-il. Ce qui ne l'empêche pas d'annoncer des services linéaires, pour mieux venir chasser sur les terres des diffuseurs TV.

La tendance n'a pas échappé au président de Canal+, Bertrand Meheut: «La réalité de la télévision connectée, c'est l'arrivée de nouveaux acteurs, comme Netflix, You Tube, Google ou Apple, qui vont accéder directement aux utilisateurs [sur la TV] Conséquence: il annonce le lancement de nouveaux services non linéaires…

Des propositions

Face à ce qui promet d'être une belle foire d'empoigne, le CSA se veut on ne peut plus minimaliste. Son président, Michel Boyon, préfère tabler sur l'autodiscipline des acteurs et cite en exemple l'Autorité de régulation des professionnels de la publicité (ARPP). Comme pour la TNT, où il recommandait à l'Etat de se mettre en retrait, «c'est le marché qui décidera», dit-il. Une commission, menée conjointement par les ministères de l'Economie numérique et de la Communication, avec Marc Tessier, Philippe Levrier, Takis Candilis et Jérémie Manigne, est chargée de faire la lumière sur le sujet. Ses premières propositions sont attendues avant l'été.

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.