magazines
«La gauche molle se rebiffe», affirme Laurent Joffrin, patron de l'hebdomadaire, qui change de maquette pour la première fois en vingt-cinq ans et réaffirme ses valeurs à l'orée de la présidentielle.

Le rendez-vous, comme à l'accoutumée, se tenait place de la Bourse, dans les locaux du Nouvel Observateur, sis «dans le quartier traditionnel de la presse écrite», comme le remarquait Laurent Joffrin, le 3 mai. «Ce lieu est le symbole de notre croyance dans la presse», a asséné le patron de l'hebdomadaire lors de la présentation de la nouvelle formule du titre, sortie le 4 mai.

Les lecteurs de L'Obs risquent d'être un rien bousculés, car ni la maquette ni la typographie n'avaient changé depuis vingt-cinq ans. Dans ce nouveau magazine, l'habillage est élégant, le déroulé clarifié. «Le chemin de fer va du plus chaud au plus froid, de la préoccupation civique à la préoccupation individuelle», résume Laurent Joffrin. L'ouverture du journal (DFP 2010: 502 442 exemplaires, dont 430 000 abonnés) sera consacrée à l'investigation, avec une recherche de l'inédit et d'une réactivité maximale. «Il y a neuf mois, raconte Claude Perdriel, président du groupe Nouvel Observateur et directeur de la rédaction, nous avons décidé d'acheter une deuxième rotative, qui nous permet de boucler le journal entièrement le mardi, soit la veille de sa sortie.»

Onze journalistes – quatre pour le magazine et sept pour Internet – ont été recrutés pour cette nouvelle formule, dont le budget se monte à 2,5 millions d'euros. Le premier numéro consacrera 25 pages à la mort de Ben Laden, mais cette nouvelle mouture sera surtout l'occasion, selon Laurent Joffrin, «de défendre nos valeurs alors que la classe dirigeante se transforme en oligarchie. Nous avons souvent été taxés de symboliser la “gauche molle”. Eh bien, la gauche molle se rebiffe et entend mener le combat républicain avec virulence», poursuit le journaliste, qui précise que 40% des lecteurs du titre ont une sensibilité de droite.

Les rédactions print et Web ensemble

En parallèle, le site du journal, Nouvelobs.com, se rebaptise tout simplement Le Nouvel Observateur. «Les rédactions print et Web travaillent désormais ensemble», précise Auriel Viers, directeur de la rédaction Web. Trois pôles ont été créés pour cette dernière: l'un est chargé du direct (alertes Iphone, Twitter, etc.), l'autre fournit les articles du site, tandis qu'un troisième service, baptisé Le Plus, en ligne le 16 mai, va fédérer experts et blogueurs dans un espace participatif fonctionnant sur la cooptation.

Claude Perdriel en est convaincu: «L'avenir du Web existe, même si l'on n'y gagnera pas d'argent sur l'information, mais plutôt grâce à la vente en ligne et aux produits dérivés. La presse écrite a pu exister grâce à Émile de Girardin, qui en a trouvé le modèle économique au XIXe siècle. À Internet de trouver son Girardin.»

Suivez dans Mon Stratégies les thématiques associées.

Vous pouvez sélectionner un tag en cliquant sur le drapeau.