«À France Télévisions, une grille face à la suspicion»: la une du Monde daté du 2 mai, jour de la mort de Ben Laden, en dit long sur les inquiétudes que suscite la prochaine refonte des programmes des chaînes publiques, en septembre prochain. «Halte à la paranoïa», a tenté de désamorcer Rémy Pflimlin, le patron de France Télévisions. Même si Franz-Olivier Giesbert s'est ingénié à passer pour une victime télévisuelle du pouvoir sarkozyste à l'occasion de la publication de son livre, M. le Président, on a du mal à croire à une chasse aux sorcières à France 2 qui aurait pour martyrs FOG, Guillaume Durand et Mireille Dumas.
Manque de rythme
La réalité est plus crue: la chaîne est confrontée, comme France 3, à une audience vieillissante de plus de 60 ans et ne peut plus se satisfaire d'émissions aux audiences faibles (726 000 téléspectateurs pour Guillaume Durand et 500 000 pour FOG) et aux recettes de talk-show éculées: plateau, public et bavardages autour d'une table. «Cela correspond peu aux nouveaux codes télévisuels, qui demandent plus d'images, plus de rythme», a déclaré Rémy Pflimlin à l'AFP.
Peut-on lui donner tort? Sans prôner pour le service public un jeunisme de ménagère, on peut imaginer de nouvelles émissions-spectacles qui ravivent l'intérêt du téléspectateur pour la culture et donnent envie de la partager de façon plus large. À condition toutefois de ne pas sacrifier le débat, voire la polémique, au seul bénéfice d'une vision patrimoniale (les belles œuvres, les belles expos, les beaux concerts, etc.). Quant à la politique, elle devrait voir arriver «de grandes émissions de référence», qui rafleront – avec les JT – l'intégralité des invités politiques. On verra alors si le soupçon était mérité.