Jean-François Decaux a déclaré à plusieurs reprises ces dernières semaines son intérêt pour CBS Outdoor. Que cela vous inspire-t-il?
Pablo González Ayala. Je me souviens qu'à l'époque où CBS Outdoor s'appelait Viacom, Jean-François Decaux évoquait déjà un possible rachat… La communication extérieure représente 13% du chiffre d'affaires du groupe. L'activité reste, à date, stratégique pour CBS.
Certes, mais comment réagissent vos clients à ces rumeurs?
P.G.A. Elles ne posent pas de problème en France, où les annonceurs ont l'habitude de ce genre de bruits. On nous pose davantage de questions dans des pays comme la Grande-Bretagne et les Pays-Bas, dans lequel CBS Outdoor est par ailleurs leader.
En septembre 2010, vous avez succédé à Emmanuel Schalit à la tête de CBS Outdoor. Quel regard portez-vous sur le marché français?
P.G.A. Le premier trimestre 2011 a été très difficile. En termes d'activité, nous sommes au même niveau que l'année dernière. Notre chiffre d'affaire a baissé de 3 points en 2010, à 150 millions d'euros, mais nous espérons réaliser en 2011 une croissance à deux chiffres.
Jean-Xavier Bouxom. Si le marché national a souffert, c'est du fait des annonceurs de l'automobile, qui ont diminué leurs investissements. Mais dans les carnets de commande, on voit que ces annonceurs reviennent. Le marché local, qui représente les deux tiers de notre activité, résiste mieux.
Quels sont les grands chantiers de CBS Outdoor ?
P.G.A. Après avoir restructuré l'organigramme de l'entreprise, nous avons lancé un plan de développement sur cinq ans. Notre objectif est clairement de devenir leader du grand format, aussi bien en termes de chiffre d'affaires que de nombre de faces. Le grand format, c'est le cœur de notre métier. D'ailleurs, Giraudy [société d'affichage française devenue CBS Outdoor] aurait eu un siècle cette année. Cela fait donc cent ans que le grand format est implanté en France.
Comment comptez-vous mener ce plan de développement?
J.-X.B. Nous souhaitons augmenter notre patrimoine de 15% en 5 ans, en passant de 56 000 à 60 000 faces. L'idée étant d'être leader aussi bien sur du 8m2 que sur de très grands formats plus événementiels. En régions, on nous demande de plus en plus de 12m2.
P.G.A. Nous allons nous développer sur un modèle organique, avec des mariages possibles avec des acteurs locaux ou d'éventuels rachats d'entreprise.
À quelle hauteur votre actionnaire a-t-il participé à ce plan quinquennal?
P.G.A. 50 millions d'euros ont été investis en France. Nous recrutons actuellement des commerciaux.
J-X.B. Nous avons découpé la France en 5 zones et ouvert de nouveaux pôles de management. Nous avons recruté une cinquantaine de commerciaux depuis le début de l'année. Nous souhaitons accroître la proximité avec nos clients.
Pablo González Ayala, vous avez été directeur général de CBS Outdoor Espagne. Quelles sont les différences entre les marchés français et espagnols?
P.G.A. L'Espagne continue à être touchée par la crise, avec un taux de chômage à près de 21%. Certes, des compagnies internationales, comme la marque de télécoms Telefónica, continuent de soutenir l'économie espagnole. Mais de mi-2008 à aujourd'hui, la publicité a baissé de 20 à 25%. Pour ce qui est du mobilier urbain et du grand format, on retrouve JCDecaux, CBS Outdoor et Clear Channel mais aussi Cemusa, qui est un acteur important. Depuis janvier, l'économie espagnole est très difficile, mais la communication extérieure tire son épingle du jeu, avec une croissance de la part de marché affichage de 6 à 8%.