Ce sera le 15 novembre 2010, à l'occasion des BFM Awards. Pour ce jour, Alain Weill prévoit de lancer une nouvelle chaîne d'information financière, BFM Business, sur le modèle de Bloomberg TV. En réalité, il s'agit d'une simple extension télévisuelle de BFM Radio, qui serait rebaptisée par la même occasion du nom de la chaîne. Le patron de Next Radio TV entend ainsi tirer profit de la révolution numérique qui permet, pour un coût de fonctionnement annuel de 2 millions d'euros, de diffuser des images sur les nouvelles technologies. « Aujourd'hui, l'image est partout, explique-t-il. Pour un coût marginal, on peut aboutir à une vraie amélioration de l'offre avec un studio TV et de l'infographie. Nous avons déjà des émissions de plateau et beaucoup d'invités. » Des images de BFM TV viendront sans doute nourrir en informations générales les journaux de BFM Business, qui apporteront eux-mêmes leur contribution en séquences économiques à la chaîne d'information générale. Le modèle fonctionne déjà avec RMC et l'interview de Jean-Jacques Bourdin, diffusée sur BFM TV.
Radio, télévision, Internet... Les frontières entre les médias sont ainsi en train de voler en éclats. Le patron de Next Radio TV a les yeux rivés sur le marché américain où l'on s'attend à une généralisation de l'offre Web sur tablettes, à quelques semaines du lancement de l'Ipad d'Apple. Outre une possible distribution sur l'ADSL, le câble et le satellite, ce sont donc vers les multiples supports numériques nomades que se tournera BFM Business.
La Tribune vers le tout-numérique
Et la presse ? Le propriétaire de La Tribune - qui n'est pas intégrée dans Next Radio TV - estime que le basculement vers le 100% numérique est une « hypothèse certaine ». « Le sujet est sur la place à New York », rappelle-t-il, en estimant que son quotidien abandonnera le papier « d'ici cinq à quinze ans ». « Nous ne serons sans doute pas les premiers, précise-t-il. Mais nous sommes ouverts, il n'y a pas de sujet tabou. Il faut changer de modèle. Les quotidiens peuvent-ils gagner de l'argent sans passer sur le tout-numérique ? L'heure est à la dématérialisation des supports, comme on l'a vu pour le CD et la vidéo. La presse basculera-t-elle en partie ou en totalité ? On travaille aussi sur l'hypothèse d'abonnés qui seraient prêts à payer pour recevoir le papier… »
En ce sens, un désengagement des kiosques de La Tribune est sans doute une première étape vers la dématérialisation, même s'il ne devrait pas être total avant la fin 2010. En deux ans, le quotidien a déjà supprimé sa présence dans près de 6 000 points de vente. Il lui en a coûté quelques centaines d'exemplaires, mais l'économie générée se monte à 1,5 million d'euros. Si la direction du journal exclut pour l'heure une disparition totale des 9 000 kiosques où elle est encore diffusée, elle prend le chemin d'une rationalisation drastique au profit des 2 000 points de vente les plus actifs… et surtout de l'abonnement. Elle compte déjà 4 000 nouveaux abonnés portés à 10 euros - avec accès au Web en parallèle -, ce qui lui permet d'afficher une diffusion France payée en hausse de 10,3% en janvier 2010, à 70 408 exemplaires, par rapport à janvier 2009. Reste une question : le coût du portage en vaut-il la chandelle ? Pas sûr, sauf s'il prépare les esprits à l'adressage d'une Tribune électronique sur les tablettes de demain…
(encadré)
Next Radio TV en perte
Avec un chiffre d'affaires de 123,8 millions d'euros, le groupe Next Radio TV présente un résultat net négatif de 6 millions en 2009, contre un bénéfice de près de 1 million en 2008. En revanche, le résultat opérationnel ajusté (Ebita) ressort positif à 6,6 millions d'euros. Parmi les principaux foyers de pertes, BFM TV (–8,4 millions d'euros, contre –11,1 millions en 2008) et le groupe 01 (–2,3 millions d'euros en Ebita, en raison d'une forte restructuration). Le groupe compte tourner sa plate-forme 01.net.com vers les nouveaux services (e-commerce, base de données, etc.) et le lancement de versions « digitales » tournées vers les tablettes. Quant au pôle radio (RMC, BFM Radio), il a dégagé, lui, un excédent brut d'exploitation de 17,6 millions d'euros, soit 30% de marge. Un record en France.