Les radios musicales sont-elles devenues les nouveaux cancres du paysage radiophonique français ? Confrontées à la concurrence acérée des nouveaux modes d'écoute de la musique, tels Internet et les MP3, elles assistent en tout cas à une lente érosion de leur audience alors que les stations généralistes se portent plutôt bien. Sur la dernière vague de Médiamétrie (septembre-octobre 2009), l'audience cumulée de ces réseaux musicaux a baissé à 41,3%, contre 41,6% un an auparavant. La première radio musicale, NRJ, revendique aujourd'hui 10% d'audience cumulée, loin derrière RTL et depuis peu coiffée au poteau par une autre généraliste, France Inter. «Le constat est clair : le modèle des radios musicales est remis en cause par la forte concurrence d'Internet», estime Philippe Nouchi, directeur des études audiovisuelles à l'agence Reload (Publicis). Aujourd'hui, chacun peut en effet télécharger ses fichiers musicaux et se constituer sa propre «play list» sur son baladeur MP3. «De plus, certaines radios musicales ont un peu perdu ce rôle de découvreur de talents en préférant miser sur la diffusion de valeurs sûres de la musique», relève Philippe Nouchi. «Les auditeurs ont besoin de marques prescriptives pour découvrir la musique : la jungle d'Internet ne suffit pas», soutient Jérôme Fouqueray, directeur du pôle musical du groupe RTL (Fun Radio et RTL2).
Pourtant, les musicales ont aussi profité de la révolution numérique de l'écoute de la musique. Dans son bilan de l'année radio 2008-2009, Médiamétrie relève que ces dernières séduisent davantage que leurs consœurs généralistes sur les nouveaux supports. Chaque jour, 1,3 million d'auditeurs les écoutent sur un ordinateur, un téléphone mobile, un baladeur multimédia ou encore une télévision, souligne Médiamétrie. L'ensemble des radios du groupe NRJ (NRJ, Chérie FM, Nostalgie et Rire & Chansons) a ainsi atteint le million de téléchargements d'applications sur Iphone dont 519 000 pour la station NRJ. Fun Radio revendique le second rang avec 430 000 téléchargements. «Au premier semestre 2010, Fun Radio proposera des services payants à la carte via son application Iphone, comme des mix exclusifs de grands DJ», détaille Jérôme Fouqueray. De son côté, Skyrock revendique une véritable présence communautaire sur Internet via sa plate-forme Skyblog, qui compte aujourd'hui 29 millions de blogs actifs.
Des formats tirent leur épingle du jeu
La morosité ambiante des stations musicales n'empêche pas certains formats de réussir de bonnes audiences. «Les stations qui ont un univers bien identifié résistent mieux que celles qui ratissent leurs auditeurs plus largement», souligne Philippe Nouchi. Ainsi, Fun Radio, positionnée sur l'univers dance progresse régulièrement. Autre format musical qui tire son épingle du jeu, la station Skyrock, encore et toujours spécialisée dans le rap.
Mais alors que le modèle des musicales cherche un nouvel élan, la crise du marché publicitaire a conduit à des mesures d'économie au sein des stations. Le groupe Lagardère réfléchit à réduire le nombre de décrochages locaux de ses deux réseaux musicaux (RFM et Virgin Radio), présents dans environ soixante-dix villes. «Il faut prendre en compte la baisse de l'écoute des radios musicales ainsi que la chute des recettes publicitaires», note Jean-Christophe Lestra, directeur des radios musicales du groupe Lagardère. De son côté, le groupe RTL (RFM, Fun Radio et RTL) a annoncé la mise en place d'un plan d'économies de 20 millions d'euros sur trois ans, qui comprend notamment une trentaine de départs volontaires sur les deux cents salariés non journalistes du groupe.