Gravement touchée par la crise sanitaire, la filière du tourisme d'affaires a dû s'adapter obligeant certaines villes à revoir leur offre. Entretien avec Maxime Tissot, directeur de l'Office Métropolitain de Tourisme Marseille et du bureau des Congrès d'Aix-Marseille Provence.
Qu’est-ce que le covid a changé dans la manière dont un territoire peut attirer les événements ?
Tout d'abord, les délais d'organisation et de décision des congrès, conventions et séminaires se sont énormément raccourcis, bien que cette tendance avait déjà été observée avant le Covid-19, mais cette dernière s'est renforcée. Cela est dû principalement au fait que nous ayons un avenir sanitaire incertain. Aujourd'hui, nous sommes à flux tendu. Les clients avec lesquels nous travaillons essayent de réserver à une date la plus proche de leur opération pour éviter d'éventuelles annulations ou suspensions.
Pour vous donner un ordre d'idée, pour les séminaires et conventions par exemple, nous recevons parfois des demandes 15 jours avant l'opération. Maintenant, la question est de savoir si ces délais resteront courts. Je n'ai pas la réponse. Cette nouvelle façon de procéder a obligé l'ensemble de l'industrie du tourisme d'affaires à Marseille, à Aix-en-Provence, mais aussi dans d'autres villes du pays à s'adapter et à être réactif. Cela peut mettre les équipes sous-tension, mais c'est une organisation assez confortable pour nos clients.
Vous avez observé des effets de reports d'opérations sur les villes de Marseille et Aix-en-Provence. Comment l'expliquez-vous ?
L'Acropolis de Nice a annoncé la fermeture temporaire de son Palais des congrès. Les clients qui souhaitent se positionner au Sud-Est de la France entrent donc en contact avec nos équipes pour connaître les futures disponibilités. Beaucoup de clients choisissent d'ailleurs la troisième semaine du mois d'août pour organiser leur séminaire de rentrée. Ces effets de reports concernent aussi bien les gros congrès que les petites manifestations (séminaires, conventions). Mais encore une fois, ce phénomène n'est pas propre aux villes de Marseille et d'Aix-en-Provence ; il a été observé sur tout le territoire français.
Vous proposez une offre plus internationale, portée par des pays de l'Union européenne, mais aussi par les États-Unis. Comment est-ce qu'elle se traduit ?
Nous multiplions les séminaires et conventions avec des pays européens dont l'Espagne, l'Italie, la Belgique et l'Allemagne, mais aussi avec nos voisins américains. Les opérations internationales permettent à une ville de voir comment un pays la perçoit. Dès que les marchés nous proposent d'organiser des opérations, nous faisons le choix de signer. Depuis des années, nous faisons de la commercialisation avec plusieurs pays. Mais renouveler une offre demande du temps. Le gros du marché reste tout de même le marché européen, car il y a eu une très forte reprise de l'activité et des déplacements.
Chiffres-clés
30%. Part des opérations gérées par les Congrès de Marseille de manière directe pour les villes de Marseille et d'Aix-en-Provence.
16 millions d’euros. Retombées économiques directes du tourisme d'affaires à Marseille et Aix-en-Provence au premier semestre 2022.
57 millions d'euros. Estimation des retombées économiques directes du tourisme d'affaires à Marseille et Aix-en-Provence au deuxième semestre.
Source : les Congrès d'Aix-Marseille Provence.