En début de semaine, le Festival de Cannes revenait en majesté avec une sublime affiche donnant à voir une scène de The Truman Show. Elisabeth Borne était nommée Premier ministre «en charge de la planification écologique». Le point commun entre cette affiche et cette nomination ? Une certaine idée du faux. C'est le billet de la semaine de Delphine Le Goff.
Flots bleus et écrans noirs. Enfin, après deux ans en sous-régime, le Festival de Cannes revêt ses atours les plus glamours, avec plus de 35 000 cinéphiles et professionnels attendus sur la Croisette. L’affiche de cette 75e édition est, comme à l’accoutumée, sublime, et prend cette année d’étranges résonances. Elle donne à voir une image poétique du Truman Show de Peter Weir, conte tragique d’un être authentique évoluant dans un monde factice. Sur fond céruléen, le héros monte les marches d’un escalier… qui semble ne mener vers nulle part. « Comme l'inoubliable Truman incarné par Jim Carrey qui frôle du bout des doigts son horizon, le Festival de Cannes prend acte de l'extrémité d'un monde pour l'appréhender à nouveau. Crise climatique, catastrophes humanitaires, conflits armés : les motifs d'inquiétude sont nombreux », expliquent les organisateurs.
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Alors que commençait, le 17 mai, la plus grande fête du cinéma mondial, l’autre grosse actualité de la semaine était la nomination, le 16 mai, d’Élisabeth Borne comme Premier ministre « en charge de la planification écologique ». On ne peut évidemment que se réjouir de l’arrivée d’une femme à Matignon, plus de trente ans après Édith Cresson. Mais déjà les voix s’élèvent, redoutant un effet cosmétique dans la nomination de celle qui était, selon Le Monde, surnommée « Borne Out » alors qu’elle dirigeait la RATP. Bonnes intentions ou greenwashing, festival du « fake » ? « Est-ce que rien n’est réel ? », s’interrogeait Truman.