Dix ans après une première incursion, Laurent Stencel est redevenu directeur de la communication de l'Inria. Un grand retour pour lui, après un parcours pour le moins atypique.
S’il est une personne qui ouvre ses bras à l’inconnu, c’est bien Laurent Stencel. Derrière des yeux renfoncés, presque timides, il cache un regard observateur, précis et aux aguets. Un coup d’œil et une patience qui lui permettent sûrement de rassurer les scientifiques avec qui il est amené à travailler. Depuis fin 2020, en tant que directeur de la communication de l’Institut national de recherche en sciences et technologies du numérique, il dialogue avec 3900 chercheurs répartis sur dix centres en France. Un rôle qui tient toujours du numéro d’équilibriste. « L'institut est constitué en 200 pôles projets à vocation pluridisciplinaires, un élément fort de l’organisation que l’on ne retrouve pas forcément dans d’autres laboratoires », décrit-il. Et un mode de travail qui demande au dircom de savoir parler avec des experts de tous domaines. « Nous sommes au cœur de la médiation scientifique, à la croisée de la communication et de l’information », poursuit-il, et ce, afin de convaincre les parties prenantes, car l’institut - créé en 1967 pour la recherche en « informatique et automatique » - est à un tournant.
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De l'acronyme à la marque
Cet organisme n’est pas nouveau pour ce communicant aguerri. Il y a déjà travaillé trois ans entre 2009 et 2012. « À l’époque, ma mission consistait à faire passer l’Inria du stade de l’acronyme à celui de la marque », raconte-t-il. Dépoussiérer les blouses et les laboratoires... Et c’est avec un immense plaisir qu’il a pu revenir dix ans plus tard, après être passé par différentes agences. « Aujourd’hui, avec l’évolution du numérique, les enjeux sont tout autres. L'Institut est au cœur de l’innovation et de la question de la souveraineté. Nous devons multiplier les partenariats avec le tissu économique, industriel, et parler au monde politique. » Le but ? Ne plus faire de la technologie une boîte noire, qui résout les problèmes en un clic, mais faire la lumière sur la complexité d’un monde encore sombre pour de nombreux dirigeants. A la tête d'une équipe d'une cinquantaine de personnes, l'homme s’efforce de changer l’esprit de la communication de l’institut, avec de nouveaux profils, plus modernes, et un état d’esprit d’agence interne.
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Rien ne prédestinait Laurent Stencel à parler de sciences. Ce profil « classique » a travaillé chez Havas, dès 1996, sur les grandes marques (Air France, Louis Vuitton, Carte Noire...), puis à été nommé à la tête de l’agence Guillaume Tell, chez Publicis. Il y forge le concept de « marque employeur », aujourd’hui ancré dans le monde du travail. Il gravit les échelons, pour devenir directeur adjoint de Publicis Consultants, quand un jour, un chasseur de tête l’appelle pour le poste de dircom du RC Lens. « Lorsque j’ai passé l’entretien avec le président Gervais Martel, je me demandais ce que je faisais là », se souvient-il. Mais la curiosité l’emporte. Après 10 ans d'agences parisiennes, il déménage avec toute sa famille pour plonger dans la campagne du Nord et le monde du foot. « Pendant les premières semaines, le staff ne me parlait presque pas. C’était un test. Jusqu’à ce qu’un jour, l’un d’entre eux m’emmène faire le tour de toute la région en voiture comme si l'on se connaissait depuis des années », raconte-t-il. Ses capacités d’écoute, de patience, et d’ouverture à la surprise, auront payé.
Parcours
1996. Débute chez Havas.
1998. Directeur de Guillaume Tell (Publicis).
2007. Dircom du RC Lens.
2009. Dircom de l’Inria.
2012. Intègre Onthemoon puis Epoka.
2020. Retour à l’Inria.