Nouvel épisode dans l’affaire des eaux minérales naturelles françaises traitées : la marque Perrier (Nestlé Waters) pourrait perdre son appellation d'eau minérale naturelle.

La marque Perrier va-t-elle perdre son appellation d'eau minérale naturelle ? C’est la question qui se pose désormais sérieusement. Après les révélations en début d’année quant à l'utilisation de traitements interdits sur ses marques Hépar, Vittel, Contrex et Perrier, le groupe Nestlé Waters avait assuré avoir supprimé l’ensemble des traitements illégaux et mis en œuvre des plans de transformation de ses unités de production pour stopper la fraude, affirmant parallèlement que « la sécurité sanitaire » de ses produits avait « toujours été garantie ». Un rapport d'inspection de l'Agence régionale de santé (ARS) d'Occitanie, daté du 30 août 2024, met sérieusement à mal cette version. L'entreprise Nestlé Waters a en effet été invitée par l'autorité régionale de santé à envisager de faire « un autre usage » de son site de conditionnement d'eau minérale Perrier de Vergèze (Gard), rapportent lundi 16 décembre des médias français comme Radio France et Le Monde.

Obligations réglementaires

Le document, fruit d’une inspection inopinée au printemps dernier de l'usine gardoise de Perrier, confirme que la qualité des ressources en eau exploitées n'est toujours pas suffisante pour produire de l'eau minérale naturelle. Une eau qui, selon la réglementation, doit s’avérer « microbiologiquement saine » et « tenue à l'abri de tout risque de pollution ». Le rapport s'inquiète en outre d'un potentiel risque virologique pour les consommateurs, connu du gouvernement depuis 2022. De quoi envisager pour la première fois « un arrêt de la production d'eau minérale naturelle sur le site de Vergèze ».  L'agence régionale de santé, face à la qualité régulièrement dégradée de ses ressources en eau, invite même Nestlé Waters à « s'interroger stratégiquement sur un autre usage alimentaire possible de l'exploitation des captages d'eau minérale actuels ». Nestlé Waters possède déjà la marque Maison Perrier, qui ne bénéficie pas de l'appellation d'eau minérale et peut donc faire l'objet de traitements de désinfection.

Autorisation d’exploitation

Rappelons qu’en avril dernier, la production de l'un des puits de l'usine avait été arrêtée en raison d’un épisode de contamination par des germes fécaux, entraînant la destruction par Nestlé de trois millions de bouteilles de Perrier. L'avenir de Perrier et des 1 000 salariés de l’usine de Vergèze repose désormais dans les mains de la préfecture du Gard, qui doit se prononcer sur la demande de renouvellement d'autorisation d'exploitation de la « source Perrier » pour produire de l'eau minérale naturelle, déposée en octobre 2023 par Nestlé. Contactée par Radio France et Le Monde, la préfecture précise qu'elle pourrait rendre sa décision au cours du « premier semestre 2025 ».

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