L’étude exclusive Luxury Trend Report réalisée par l’Ifop pour Stratégies pointe un coup de blues des professionnels du luxe en cette fin d’année, et aussi quelques pistes de rebond pour le secteur.
Le luxe a le blues. Ce secteur affiche une certaine morosité en cette fin d’année, selon l’étude exclusive Luxury Trend Report 2024 que l’Ifop dévoile dans le cadre du Grand Prix Stratégies du luxe, ce mercredi 4 décembre. Sur les 210 professionnels interrogés dans cette édition, seuls 7% arborent un franc sourire. « Si l’on compare à 2022 et 2023, il y avait respectivement 77% et 58% de sourires, en 2024 nous revenons au niveau de 2020, l’année de la pandémie (31%) », éclaire Nicolas Riou, CEO de Brainvalue (groupe Ifop). D’ailleurs le luxe a souffert cette année, avec des cours de Bourse de grands groupes plutôt orientés à baisse.
Il y a des raisons objectives à ce blues du luxe : « Le moteur chinois sur lequel beaucoup de groupes avaient misé est en panne, poursuit l’expert. Or certaines marques sont trop exposées à cette zone, qui représente jusqu’à 40% de leur chiffre d’affaires. Il faut ajouter à cela le taux de chômage important de la GenZ chinoise (entre 25 et 30%) qui se retrouve dans le recul de leur consommation de biens de luxe. »
Un pouvoir d'achat dégradé
Dans le même temps, les autres gros marchés du secteur vivent une période d’incertitude : un certain attentisme aux États-Unis dans cette période de passage de relais entre Joe Biden et Donald Trump, et un climat moyennement favorable au luxe en Europe. « Autre facteur qui a joué : le pouvoir d’achat des classes moyennes s’est dégradé depuis deux ans alors que les prix des produits de luxe a progressé, du coup les deux courbes se sont croisées dans un effet ciseau », souligne Nicolas Riou.
Est-ce que le luxe va rebondir en 2025 ? « Les optimistes croient au plan Marshall chinois, à la locomotive américaine post-élection, au marché japonais qui attire les consommateurs chinois, en raison de la faiblesse du cours du yen », note le CEO de Brainvalue. Mais les professionnels du luxe interrogés penchent majoritairement pour le scénario pessimiste. Ils sont seulement 10% à se dire très optimistes ou plutôt optimistes pour la conjoncture économique et financière mondiale en 2025. Quatre fois moins qu’en 2021. Et pour le luxe, seuls 24% des professionnels se déclarent plutôt optimistes à l’échelle mondiale (0% de très optimistes).
Certains univers du luxe résistent à la morosité et devraient continuer à se développer dans les prochaines années. C’est le cas de ce qui relève de l’expérientiel, en particulier l’hôtellerie-restauration, et aussi du segment cosmétiques et parfums. À l’inverse, la mode et la maroquinerie devraient décroître, concluent les professionnels interrogés : 54% d’entre eux estiment ainsi que la mode et le prêt-à-porter seront en recul dans le futur.