Xavier Bertrand, conseiller de Valérie Pécresse, s'est porté au secours d'Auchan et de Leroy Merlin tandis qu'Anne Hidalgo exhorte les entreprises françaises à quitter la Russie.
Adeo, la holding de Leroy Merlin à qui le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé mercredi, parmi d'autres entreprises, de quitter la Russie, a répondu qu'une fermeture serait considérée comme une « faillite préméditée », « ouvrant la voie à une expropriation qui renforcerait les moyens financiers de la Russie ».
L'entreprise a reçu le soutien de Xavier Bertrand, président LR de la région Hauts-de-France. « Je comprends le président ukrainien », Volodymyr Zelensky, qui a demandé mercredi aux entreprises françaises, dont Auchan et Leroy Merlin, de quitter la Russie, a affirmé celui qui est aussi conseiller LR de la candidate Valérie Pécresse, sur France Bleu Nord. Mais « si demain ces groupes de la région et tous les groupes français qui sont là-bas cessent leurs activités, qu'est-ce qui se passe ? Ils vont être expropriés et c'est des groupes soit russes, soit internationaux qui vont prendre leur place », a-t-il poursuivi, dans la ligne de l'argument avancé la veille par Adeo.
De son côté, la candidate socialiste et maire de Paris Anne Hidalgo a demandé jeudi à Total, à Leroy Merlin et à toutes les entreprises françaises de « s'engager » en imitant Renault qui, sous la pression du président ukrainien, a décidé de suspendre les activités de son usine à Moscou. « Il faut vraiment que Total maintenant sorte aussi », a ajouté Anne Hidalgo à propos de la polémique entre le candidat écologiste Yannick Jadot et TotalEnergies, qui a annoncé le poursuivre en diffamation pour avoir accusé la multinationale de « complicité de crimes de guerre » par son activité en Russie.
Renault, TotalEnergies et la famille Mulliez
Volodymyr Zelensky a exhorté mercredi devant le Parlement français les entreprises françaises implantées en Russie à cesser de soutenir « la machine de guerre » russe et à quitter ce pays, citant également Renault et Auchan, enseigne détenue comme Leroy Merlin par la famille Mulliez.
TotalEnergies a annoncé mardi arrêter tout achat de pétrole ou produits pétroliers russes avant fin 2022 devant « l'aggravation du conflit » en Ukraine, mais pas de gaz.
Dans une déclaration à l'AFP, Adeo assure en revanche avoir « décidé au début du conflit de suspendre les nouveaux investissements » en Russie, où le groupe déclare compter 45.000 collaborateurs pour une grosse centaine de magasins.
Autre enseigne de l'Association Familiale Mulliez fortement implantée en Russie, Auchan qui compte 231 magasins russes pour un chiffre d'affaires de 3,2 milliards d'euros, soit plus de 10% de son activité mondiale, n'a pas souhaité faire de commentaire après l'intervention de Volodymyr Zelensky devant le Parlement français.
« Responsabilité d'employeur »
« La décision du maintien de notre activité en Russie est une décision qui n'est pas facile », reprend Adeo, qui dit avoir une « responsabilité d'employeur vis-à-vis de (ses) 45.000 collaborateurs et de leurs familles qui contribuent depuis 18 ans à la construction de Leroy Merlin Russie ».
« Nous n'avons pas de raison de condamner nos équipes russes pour une guerre qu'elles n'ont pas choisie » estime encore l'entreprise fortement implantée dans le pays, son deuxième marché après la France et où elle réalise 18% de son activité globale.
« Fermer l'entreprise du jour au lendemain, fermer nos magasins, serait tout simplement un abandon considéré comme une faillite préméditée, donc illégale ouvrant la voie à une expropriation, qui renforcerait les moyens financiers de la Russie », déclare encore Adeo, qui dit appliquer « l'intégralité des sanctions mises en oeuvre par les pays de l'Union européenne », et respecter « toutes les directives du gouvernement français ».
« Sponsors de la guerre »
Si Emmanuel Macron demandait à l'enseigne de quitter le marché russe, « ce serait différent », estime toutefois le directeur général d'Adeo, Philippe Zimmermann, interrogé sur une possible demande en ce sens du chef de l'Etat dans un entretien au quotidien La Voix du Nord mercredi soir.
M. Zimmerman dit « comprendre » la position de Volodymyr Zelensky, mais se dit. « Cela peut mettre en danger nos salariés. En Pologne, déjà, nous avons des réactions agressives », déplore-t-il.
La position d'Adeo est bien comprise en interne, assure-t-il encore. « Les équipes russes sont considérées comme des collègues commerçants et tout le monde comprend que nous apportons des solutions aux habitants pour vivre correctement chez eux ». Le bénéfice réalisé « n'est pas du tout la question » et se trouve être « en chute libre » en Russie, met-il aussi en avant.
« Cessez les ventes en Russie »
Lundi, des salariés de la branche ukrainienne de l'enseigne avaient demandé à Leroy Merlin, ainsi qu'aux autres enseignes de l'association familiale Mulliez (AFM) présentes en Russie, Auchan et Decathlon, d'y cesser leurs activités, alors qu'un magasin Leroy Merlin, situé dans le centre commercial Retroville dans le nord-ouest de Kiev, a été bombardé dimanche soir, provoquant la mort d'au moins huit personnes.
Le compte Instagram officiel de Leroy Merlin en Ukraine « leroymerlin.ua » a publié lundi une photo du magasin bombardé à Kiev avec la mention « cessez les ventes en Russie » et un lien vers une pétition en ligne sur le site « openpetition.eu ».