CLIMAT

Alors que la planète se réchauffe, le Conseil de Paris doit voter le 20 novembre le plan local d'urbanisme qui guidera les grandes orientations d'aménagement de la ville sur plus de vingt ans. Parmi les enjeux abordés figurent la végétalisation des toits, la création de nouveaux espaces verts ou encore le logement. 

Une ville adaptée au réchauffement climatique, avec plus de logements « abordables », une vie de quartier préservée : le Conseil de Paris doit voter mercredi 20 novembre le plan local d'urbanisme qui dessine l'avenir de la capitale pour que les Parisiens puissent « continuer à y habiter » à l'horizon 2035-2040.

Le plan local d'urbanisme bioclimatique (PLUb) guidera les grandes orientations d'aménagement et réglementera toutes les constructions de la ville sur les 20 à 25 prochaines années. Le dernier datait de 2006. « L'enjeu, c'est de pouvoir continuer à vivre à Paris compte tenu de l'évolution du climat et du marché immobilier », a résumé auprès de l'AFP Anne Hidalgo, la maire socialiste de la capitale qui perd en moyenne 10 000 habitants par an depuis une dizaine d'années.

Fruit de quatre années de travail, le PLU a fait l'objet d'âpres négociations au sein de la majorité d'Anne Hidalgo et de son ex-adjoint à l'urbanisme Emmanuel Grégoire, devenu député et candidat déclaré aux municipales de 2026. Dans l'accord conclu en 2023, les écologistes ont obtenu notamment la limitation des tours de grande hauteur.

Chaud à Paris comme à Séville

Végétalisation, éco-construction, réhabilitation... Le PLU « pense le bâtiment de demain pour qu'il participe à l'effort de respiration et de rafraîchissement » de la capitale, explique Lamia El Aaraje, l'actuelle adjointe à l'urbanisme de la maire. « Est-ce que nous acceptons que demain il fasse le même climat à Paris qu'à Séville ? Qu'un relevé de température effectué cet été sur le toit de l'Académie du climat ait affiché 60 degrés et 57 degrés à l'étage d'en-dessous ? Qui pourra vivre là ? », demande l'élue socialiste. La question de la végétalisation des toits parisiens, y compris ceux historiques en zinc, sera selon elle « fondamentale » et ne manquera pas de faire débat chez les défenseurs du patrimoine.

Mesure phare du PLU : la création de 300 hectares de nouveaux espaces verts ouverts au public. « Ca ne va pas être simple mais il fait absolument les créer » pour atteindre les 10 mètres carrés d'espaces verts par habitant recommandés par l'OMS, souligne l'écologiste Corine Faugeron. L'opposition juge cet objectif « irréaliste » et dénonce la politique de « bétonisation » de la municipalité dans la capitale la plus dense d'Europe. En outre, 40% de l'espace public devra être désimperméabilisé d'ici à 2050, afin d'éviter des inondations dévastatrices comme dans la région de Valence en Espagne.

Quelle place pour le logement social ? 

Pour « préserver la mixité sociale », le PLU vise « 40% de logement public (social et intermédiaire, NDLR) à l'horizon 2035 », détaille le sénateur Ian Brossat, coprésident du groupe communiste au Conseil de Paris.

Le PLU crée des zones de « grand déficit en logement social », quand elles sont en-dessous du seuil de 10%, pour corriger le déséquilibre entre l'ouest et l'est de la capitale. Dès qu'un promoteur y construira 500 m2, il devra en réserver la moitié à de l'habitat social. Environ 800 adresses ont été réservées via un dispositif appelé pastillage : un permis de construire déposé sur un bâtiment ne sera validé que s'il est transformé en un immeuble de logement social. « On a pastillé largement dans le quartier central des affaires, pour inciter à la transformation de bureaux », ajoute Ian Brossat.

Ces orientations sont vivement critiquées par l'opposition qui craint une « pression » sur les propriétaires d'immeubles. La droite dénonce en outre un « déséquilibre » entre logements privés et logements sociaux « alors que les écarts de revenus ne cessent de se creuser, poussant à l'exil des familles » déplore Geoffroy Boulard (LR), l'un des leaders du premier groupe d'opposition, Union capitale. Le groupe Changer Paris de Rachida Dati réclame pour sa part la création d'une « zone de déficit en logements privés ».

La mairie promet de nouveaux équipements « essentiels » à « moins de quinze minutes à pied de chez soi », dans l'esprit de la « ville du quart d'heure » pensée par l'urbaniste Carlos Moreno : nouveaux centres de santé, nouveaux gymnases et piscines, et une « ceinture verte et sportive » autour du périphérique. Cela devrait permettre de répondre à l'engouement qu'ont suscité les Jeux olympiques pour la pratique sportive.

Le PLU veut préserver 61 000 commerces, avec 323 km de linéaires protégés pour les commerces de proximité, 29 km pour les commerces artisanaux et 9 km pour les commerces culturels.

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