L’enseigne suèdoise Ikea, qui a reconnu que des détenus ont contribué à la production de composants ou de meubles, dans les années 1980 en RDA, a déclaré le 29 octobre son intention de verser 6 millions d’euros pour les victimes de la dictature en Allemagne de l’Est communiste.

​​​​​Le géant suédois du meuble Ikea va abonder de 6 millions d’euros un fonds pour les victimes de la dictature en Allemagne de l’Est communiste, après avoir reconnu que des prisonniers politiques y avaient travaillé sur ses produits dans les années quatre-vingt. L’entreprise a remis le 29 octobre une déclaration d’intention en ce sens à la déléguée parlementaire pour les victimes du Parti communiste est-allemand SED, a indiqué le bureau de la médiatrice en question, Evelyn Zupke.

C’est l’aboutissement d’un « échange étroit, de plusieurs années » entre Ikea, l’Union des organisations allemandes de victimes de la tyrannie communiste (UOKG) et le bureau de Evelyn Zupke, institué en 2021, ont déclaré les trois entités dans un communiqué commun. Evelyn Zupke a salué « l’approche responsable » d’Ikea, « y compris concernant des chapitres sombres de l’histoire de l’entreprise ».

Ikea était « au courant » du travail des détenus

En 2012, le numéro 1 mondial de l’ameublement avait reconnu que certains de ses fournisseurs avaient fait travailler des prisonniers politiques en RDA, et exprimé ses « regrets ». Une étude réalisée par le cabinet de conseil Ernst & Young avait conclu que des prisonniers politiques et des détenus avaient contribué à la production de composants ou de meubles au tournant des années 1980. L’enquête avait aussi permis de démontrer que les représentants d’Ikea étaient au courant de cette possibilité du recours à des détenus. Après cette première étude, un autre rapport, rédigé par le conseiller scientifique de l’UOKG, est venu étoffer le sujet.

« Nous regrettons profondément que des produits pour Ikea aient également été fabriqués par des prisonniers politiques en RDA », a redit le 29 octobre le patron d’Ikea en Allemagne, Walter Kadnar, heureux de « tenir notre promesse » de soutenir les victimes de la dictature. Ikea avait en 2022 indiqué son intention de soutenir financièrement ce fonds national d’aide aux victimes de la RDA, dont le Parlement allemand doit voter la mise en place dans les prochaines semaines.

Cité dans le communiqué commun, Dieter Dombrowski, le président de l’UOKG, a formé le vœu que « davantage d’entreprises suivent l’exemple d’Ikea ». En 2014, le patron de la Deutsche Bahn (DB) avait aussi demandé pardon pour l’emploi forcé de détenus contraints de travailler pour la Reichsbahn, la compagnie ferroviaire de RDA absorbée depuis dans la DB.

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