Et si vous étiez le nouveau président de la République ? Laurent Bataille, président de Schneider Electric France, est le onzième invité de la nouvelle saison de «Et si j’étais Président», une série réalisée par Majda Chaplain, CEO de MC Factory, en partenariat avec Stratégies.
Quels seraient les deux axes majeurs de votre programme ?
Mes deux axes seraient la décarbonation au travers de l’électrification et l’accélération de l’industrialisation avec du digital. Pour ce qui concerne la décarbonation, il s’agit aujourd’hui d’accélérer la stratégie nationale bas carbone de la France. Or, l’une des façons d’atteindre le «net zero» en 2050, c’est en grande partie d’électrifier l’économie de notre pays. Nous devons passer d’une part d’utilisation de l’électrique de 25% à 55% puis 60%. Pourquoi ? Parce que l’électricité en France est déjà décarbonée à 90%, ce qui est une grande force. Cela passera par la transformation de quelques grands usages comme les transports qui seront de plus en plus électriques alors que 97% sont encore thermiques. Aussi, le chauffage (60% de fioul dans les bâtiments tertiaires). Ou encore l’industrie qui fonctionne encore beaucoup avec des processus carbonés…
Le second axe, c’est l’industrie. Nous avons une opportunité assez incroyable de la développer pour la rendre plus compétitive, efficace et résiliente en tirant parti des technologies digitales. C’est un vrai levier d’économies de ressources et d’énergie, qui permet aussi d’améliorer les procédés industriels. Pour que l’industrie en France réussisse, il faut se battre sur des aspects de qualité des produits, de sobriété d’utilisation de la ressource... Et de ce point de vue, le digital permet d’assurer la meilleure production à la sortie des usines. Par exemple, les usines de batteries de véhicules électriques en France essaient de repousser les limites du procédé de fabrication de façon à ce qu’il y ait moins de rebus. C’est une véritable valeur ajoutée. D’autres opportunités sont en train d’émerger. Dans l’hydrogène, dans la fabrication de batteries de stockage… Et c’est en les équipant des meilleures technologies que l’on pourra continuer de développer ces nouvelles filières.
Quel serait votre projet pour renforcer le rôle sociétal des entreprises françaises ?
Les entreprises doivent s’engager dans la formation professionnelle des jeunes. En particulier au travers de l’apprentissage et des stages. Nous avons une très longue tradition sur le sujet chez Schneider et en France, à fin 2021, nous avions plus de 1000 jeunes alternants sous contrat, soit plus de 7% de nos effectifs. C’est pour nous une source de fierté, mais c’est également source d’une excellente dynamique et de diversité dans les équipes. Mon projet serait donc de porter ce sujet, tout en insistant sur le rôle de l’apprentissage dans l’inclusion. Pour moi, c’est une valeur majeure de l’entreprise, elle fait partie de la société, elle contribue à son écosystème…
Pourquoi faut-il voter pour vous ?
Parce que je suis entièrement focalisé sur les défis de notre siècle : trouver des solutions face au changement climatique. Il s’agit de l’enjeu majeur des années à venir, qui conditionnera les conditions de vie des générations futures. Et c’est aujourd’hui que nous devons agir. Nous sommes la première génération à savoir et pouvoir le faire. Le temps presse, tout va se jouer dans la prochaine décennie.
Quelle personnalité publique choisiriez-vous pour être votre Premier ministre ?
Il s’agirait de quelqu’un qui a un sens de l’intérêt général, de la détermination, du courage. Avec une vraie capacité à travailler collectivement, parce que rien ne se fait à grande échelle sans travail collectif… Et pour moi, celui qui correspond le mieux à ce profil est Paul-Louis Merlin. Il est le principal fondateur de Merlin-Gérin, marque historique de Schneider Electric. Cet homme, qui était chargé de contrôler une centrale électrique à ses débuts, a fini par dompter l’arc électrique. Il a su s’entourer, il était audacieux et enthousiaste. Et il a finalement créé une entreprise qui est devenue leader dans la distribution d’électricité. Par ailleurs, il avait un vrai sens de l’humain. Il avait tout le temps le souci de la formation. C’est pourquoi il a d’ailleurs créé une école à son nom dans laquelle sont enseignés aujourd’hui les métiers de l’électricité du futur et qui est l’Ecole Schneider Electric. Un mixte de qualités qui, je pense, ferait un excellent Premier ministre.
Retrouvez l'interview en intégralité sur le site de MC Factory.
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