Géraldine Olivier, directrice RSE du groupe Fnac Darty, et Martin Aunos, directeur des business units Services et Seconde vie, détaillent la stratégie du distributeur pour une consommation responsable et ses applications pendant les Jeux olympiques.
De quand date la stratégie RSE de Fnac Darty et quels sont ses principaux axes ?
Géraldine Olivier. Notre raison d’être est : « S'engager pour un choix éclairé et une consommation durable ». Cela montre bien que la consommation durable est au cœur de la stratégie du groupe, pas seulement de notre politique RSE. Elle a été définie il y a environ cinq ans et réaffirmée en 2021 lors du lancement de notre plan stratégique Everyday. Ce plan comprend un certain nombre de KPI définis au plus haut niveau de l’entreprise, à commencer par la décarbonation. Nous avons un objectif de réduction de 50% de nos émissions directes des scopes 1 et 2 à horizon 2030 vs 2019. Nous allons même un peu au-delà des émissions directes puisque nous incluons une partie des émissions du scope 3 liées au transport, de nos entrepôts à nos clients finaux ou à nos magasins.
Ensuite, nous avons deux objectifs autour de la durabilité : atteindre 2 millions d’abonnés à notre offre de réparation Darty Max à horizon 2025 – nous étions à 1,125 million à fin 2023 – et améliorer le score de durabilité. Nos fournisseurs ont l’obligation de nous communiquer l’indice de réparabilité de leurs produits, on y ajoute le nombre d'années de mise à disposition des pièces détachées et leur prix, et on va plus loin en incluant la fiabilité, c’est-à-dire le taux de panne réel constaté en atelier. En tant que premier acteur du SAV avec Darty, nous recueillons des millions de données sur les produits. Cela nous permet de faire une moyenne entre la réparabilité et la fiabilité pour obtenir ce score de durabilité qui était de 118 à fin 2023 et que nous souhaitons porter à 130 en 2025.
Un autre KPI que nous surveillons de près, c'est le nombre de produits que l'on répare. On s'est donné un objectif de 2,5 millions de produits réparés à horizon 2025 et la bonne nouvelle, c'est qu'à fin 2023, on était déjà à l’objectif.
Où se trouvent les principaux impacts environnementaux dans le groupe ?
G.O. Quand on fait le bilan carbone du groupe Fnac Darty, 90 % de l’empreinte vient du cycle de vie des produits que nous vendons : la fabrication, le transport, la phase d'utilisation, et enfin la fin de vie du produit. Les deux phases les plus carbo-intensives sont la fabrication et l'utilisation. Prolonger la durée de vie des produits à travers la réparation, l’abonnement Darty Max, la seconde vie, est donc stratégique pour un groupe comme le nôtre qui a la volonté d'être un distributeur engagé.
Quels sont vos objectifs sur le scope 3, qui représente vos émissions indirectes ?
G.O. Ils sont deux et ils ont été validés par le SBTi (Science-based targets initiative) en octobre 2022 : que les fournisseurs qui représentent 80% de l'empreinte carbone liée à la fabrication des produits soient eux-mêmes engagés à horizon 2026 dans une trajectoire de décarbonation, idéalement validée par le SBTi ; et réduire de 22% par produit vendu l'empreinte carbone liée à l'utilisation des produits à horizon 2030 vs 2019. Depuis six ans, nous publions le baromètre du SAV qui s’appuie notamment sur le score de durabilité, et il est clair que cela donne envie aux fournisseurs qui sont dans le bas du classement de progresser. Bon nombre de fournisseurs, notamment dans le gros électroménager, ont des stratégies de réduction de leur consommation énergétique, c’est le sens de l’histoire.
Venons-en à la seconde vie et à la fin de vie des produits. Quelles sont vos actions en ce sens ?
G.O. Nous sommes le premier remettant en France de D3E (déchets d’équipements électriques et électroniques) avec 46 000 tonnes récupérées par an via notre partenariat avec l’éco-organisme Ecosystem. Nous sommes légalement obligés, lorsque l’on vous livre une machine à laver par exemple, de reprendre gratuitement l’ancienne, mais on peut aussi récupérer d’autres produits dont vous ne voulez plus. Depuis juillet 2023, on a mis en place un numéro gratuit pour permettre l’enlèvement de D3E sans obligation d’achat. Enfin, on a installé dans l'ensemble de nos magasins des bacs de récupération pour les petits appareils. 50% des objets récupérés sont remis à Envie, une entreprise de l’économie sociale et solidaire, qui va les réparer et les remettre en vente à des prix très intéressants. On adresse vraiment toute la roue de l’économie circulaire, y compris la seconde vie.
Martin Aunos, vous êtes directeur des activités Services et Seconde vie de Fnac Darty. Qu’est-ce que cela recouvre ?
Martin Aunos. On a dédié une business unit spécifique à la seconde vie en 2019 pour accélérer sur le sujet. Nous avons créé une logistique inversée pour récupérer tous les produits abîmés ou renvoyés au service après-vente et les orienter au bon endroit : réparation, don à des associations, démantèlement pour récupérer des pièces… C’est comme une gare de triage. On a désormais trois ateliers en France qui sont capables de récupérer les produits et de les réorienter. En parallèle, on a créé les marques Fnac Seconde Vie et Darty Seconde Vie, totalement intégrées au parcours client sur internet et en magasin. Enfin, on a développé la partie reprise : on reprend à nos clients leurs téléphones, leurs ordinateurs et même des livres pour les inciter à développer cette chaîne de reconditionnement.
Que représente cette activité aujourd’hui ?
M.A. Elle reste petite, 120 millions d’euros de chiffre d’affaires par an face aux 8 milliards d’euros du groupe, mais elle progresse de plus de 30% par an. Nous sommes vigilants pour que les produits remis sur le marché aient le même niveau de service et de garantie que les produits neufs, car on ne veut pas créer une seconde vie des produits qui ne soit pas aussi durable que la première.
Et donc vous allez appliquer cette démarche aux Jeux olympiques ?
M.A. Oui. Nous équipons 160 sites olympiques, dont le village des athlètes et celui des partenaires avec du petit et du gros électroménager. Des techniciens SAV seront sur place pour parer à tout besoin et à la fin des Jeux, on va récupérer tous ces produits. Certains seront donnés à des associations, d’autres seront remis dans notre chaîne logistique seconde vie pour les reconditionner et les revendre dans nos magasins d’ici la fin de l’année. Quant à ceux qui ne seront pas éligibles au reconditionnement, ils seront confiés à l'économie sociale et solidaire pour les démanteler et faire de nouveaux produits.
Dates clés
2016. Rapprochement entre Fnac et Darty.
2019. Création des business units Services et Seconde vie.
2021. Lancement du plan stratégique Everyday.
2023. 1,125 million d'abonnés à Darty Max.
2030. Objectif de réduction de 50% des émissions carbone des scopes 1 et 2 par rapport à 2019.