En ouverture de la première édition du Powr Earth Summit, qui réunit à Paris les acteurs des énergies renouvelables, l’ancien président américain s’est notamment exprimé sur ce qu’il a appris des négociations de l’accord de Paris en 2015. Stratégies y était.
L’affiche de l’événement était alléchante : « une soirée avec le président Obama ». Presque dix ans après la signature des accords de Paris, dont l’ancien président américain a été l’un des personnages clés, il n’y avait pas plus bel invité pour lancer la première édition du Powr Earth Summit, un événement consacré à la transition énergétique créé par deux entrepreneurs, Jean-Christophe Vigouroux, président du groupe Fimavi, et Jean-Charles Drouvin, directeur général de POwR Group, et qui se tient au Cnit de la Défense, à Paris, les 14 et 15 mars.
Lorsque Barack Obama fait son entrée sur scène ce mercredi 13 mars aux alentours de 20h10, il reçoit un accueil digne d’une rock star. Pendant plus d’une heure, interrogé par un journaliste, il reviendra sur des épisodes marquants de ses huit années à la Maison Blanche et les leçons qu’il en a tirées, dans un savant mélange d’anecdotes et de grands enseignements. Barack Obama se pose en sage de la politique, mais reste un champion du storytelling.
« Quand j’ai été élu à la Maison Blanche en 2008, c’était une période unique : la pire crise financière depuis la Grande dépression de 1929. On s’est attaqué au problème immédiatement en injectant de l’argent dans les poches des gens, mais on en a aussi profité pour reconstruire notre infrastructure énergétique en investissant dans le solaire et les énergies renouvelables », entame Barack Obama sur la scène du grand auditorium, fort de ses 1 100 places, écoulées à prix d’or.
Sur le climat, son mandat restera marqué par les accords de Paris, signés en décembre 2015. « Tout a commencé huit ans auparavant à Copenhague, lors de la COP. Et ça ne s’est pas très bien passé. J’étais le nouveau venu de la bande, il y avait d’un côté les pays européens, qui voulaient aboutir à un traité avec des mesures sur la réduction des émissions de carbone, et de l’autre les pays en développement et les pays avec des revenus moyens, qui estimaient que la situation environnementale dans laquelle nous étions n’était pas de leur faute et que ce n’était pas à eux de faire des efforts. Les Premiers ministres chinois et indien me fuyaient mais j’ai fini par les retrouver, et on a fait le brouillon de l’accord de Copenhague », se souvient-il, s’amusant encore aujourd’hui de ce jeu de cache-cache.
Changer la trajectoire
« On s’est mis d’accord à ce moment-là sur le fait que les obligations ne devaient pas être les mêmes pour tous les pays, selon leur niveau de développement, mais que tout le monde devait faire un effort. » Et l’ancien président américain d’en retenir que « des fois, vous n’obtenez pas ce que vous voulez, mais déjà, de commencer à faire changer la trajectoire de certains, c’est un premier pas. Et l’accord de Copenhague est un bon exemple ».
Barack Obama est aussi revenu sur sa méthode pour faire bouger les standards de l’industrie : « Le ministre de l’Énergie de mon premier mandat, Steve Shu, était un expert en physique nucléaire, il avait même gagné un prix Nobel pour ça, il était bien plus intelligent que moi, et pourtant, il se passionnait pour… les réfrigérateurs ! (rires) Il voyait toute l’énergie qui était gaspillée avec ces appareils et tous les mégawatts qu’on pourrait économiser sans que personne ne s’en aperçoive si on demandait aux constructeurs quelques améliorations. Dans tous les secteurs, si vous élevez le standard, avec un niveau à atteindre, le marché répond toujours. Et c’est ce qu’on a fait pour l’industrie de l’automobile notamment : on a augmenté les standards à respecter et les fabricants ont progressé vers des voitures qui gaspillaient moins d’énergie. »
Coloniser Mars, que racontent-ils ?
Parmi les autres sujets abordés par l’ancien président américain, celui de la conquête spatiale, dernière lubie des milliardaires de la tech, d’Elon Musk à Jeff Bezos. Barack Obama s’en amuse, mais surtout il se dit convaincu que notre avenir est bien sur la Terre, d’où l’importance de la préserver : « J’adore l’exploration spatiale, j’ai grandi avec ça et j’ai hâte de nous voir arriver sur Mars et au-delà. Mais quand j’entends certaines personnes vouloir coloniser Mars parce que l’environnement sur Terre se dégrade… Que racontent-ils ? Même après une guerre nucléaire, que je ne minimise pas, la Terre sera toujours plus viable que d’aller vivre sur Mars. Même si on ne fait rien contre le changement climatique, il y aura toujours plus d’oxygène sur Terre que sur Mars, où il n’y en a pas ! On est fait pour vivre ici. C’est pourquoi nous devons prendre soin de notre planète pour nous-même, dans une logique égoïste, pour notre propre survie. »
L’intervention de Barack Obama ne serait pas complète sans référence à sa famille, culture américaine oblige. Un clin d’œil pour sa femme Michelle – « elle ne bouge pas avec le temps alors que moi-même j’ai l’air d’un vieux monsieur » – et pour ses deux filles, aujourd’hui âgées de 25 et 22 ans – « ma femme et moi avons inculqué deux grands principes à nos filles : soyez gentilles et soyez utiles ». L’heure passée en sa compagnie est déjà écoulée. Le cortège de l’ancien président quitte la Défense toutes sirènes hurlantes. Pour les participants du premier Powr Earth Summit, le travail ne fait que commencer.