Axée création et arts graphiques, l’école parisienne Penninghen propose également une formation en communication. Jetant des ponts entre des disciplines finalement pas si éloignées les unes des autres.
Au mur, des dessins de nus, de végétaux, de statues anciennes. Plus loin, dans la salle, des maquettes minutieusement élaborées. Ce sont les productions d’élèves de première année à Penninghen, prestigieuse école privée d’architecture intérieure, de communication et de direction artistique, sise dans le sixième arrondissement de Paris. L’établissement du groupe d’écoles Galileo Global Education organisait, les 3 et 4 février, des journée portes ouvertes pour recruter ses futurs étudiants.
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Pas tout à fait le décor habituel des lieux formant de futurs directeurs de la communication, de la marque, de l’expérience, de la stratégie ou encore du marketing. Pas non plus le type d’exercices auxquels les aspirants à ces métiers sont habitués. Et pourtant. Voilà trois ans, en 2020, l’école a lancé un master communication dédié, pour former des professionnels de ces secteurs également aguerris au management de la création. Les premiers étudiants qui l’ont suivi, qui sont une vingtaine, ont fait leur entrée sur le marché du travail l’année dernière. « Ils sont partis chez l’annonceur, en agence ou comme agent d’artistes, précise Boris Coridian, enseignant en stratégie éditoriale à l’école et président fondateur de l’agence de communication éditoriale et créative Les Digitalistes. Nous constatons aussi que beaucoup veulent travailler à leur compte ».
Principe de réalité
La communication s’enseigne ici selon une philosophie claire portée par le directeur de l’école, Gilles Poplin : le dialogue entre les disciplines. Une partie des étudiants en communication provient d’écoles de commerce ou de cursus marketing, ce qui permet de croiser les approches. Et un principe de réalité. « Valoriser la création, c’est la projeter dans une problématique de livrable. Nous transformons le désir d’expression en réalité professionnelle. La formation confronte immédiatement à un principe de réalité. Il s’agit de savoir transformer un brief client en proposition de valeur », développe-t-il en faisant visiter les espaces.
Concrètement, la formation se déroule en deux ou cinq ans avec, dans le premier cas, une année de tronc commun suivi de quatre ans de spécialisation dans la voie choisie. « Pour transformer un brief client en proposition de valeur, il faut apprendre l’empathie (les dessins de nus), l’humilité (la première année, tout est fait à la main) », complète Gilles Poplin. L’enseignement questionne le langage et la création, le graphisme, les manières d’appréhender l’espace, entre autres. Autant de bagages pour la suite. Les premiers stages s’effectuent en quatrième année. Pas d’alternance : les liens avec l’univers professionnels se nouent lors des stages et dès avec les échanges avec les professeurs qui sont tous des professionnels.
Ouvert à 60 étudiants, le parcours communication (autour de 10 000 à 15 000 euros par an selon l’année) porte aussi bien sur la stratégie que sur la création à travers l’étude de disciplines comme la communication, le branding, le design, l’éditorial, entre beaucoup l’autres. Les marques y sont vues comme des « agents culturels » et pas seulement des vecteurs de la consommation, comme des « médias » dont il s’agit de structurer le discours. « Le cours de stratégie éditoriale que j’anime propose, par exemple, d’analyser un brief de marque, d’en produire un soi-même, de répondre à un brief en alliant une réflexion sur le support vidéo comme support éditorial », explique Boris Coridian.
Montée en puissance
« Je travaille l’école comme une marque créative, avec tout ce qu’elle embrasse de l’époque : c’est une marque intergénérationnelle (de 18 ans, à 76 ans dans le corps enseignant), le lieu du temps long, puisque les études se passent en cinq ans », expose Gilles Poplin. Après la création du master communication, l’école, qui compte plus d’une quinzaine de permanents et 123 enseignants, lesquels encadrent quelque 850 étudiants, s’engage en 2023 sur d’autres chantiers, au-delà de la montée en puissance de ce nouveau cursus. Elle souhaite poursuivre son internationalisation en nouant des liens avec d’autres formations à l’étranger, comme au Japon, en Australie, en Suède. Autre projet, un déménagement vers d’autres locaux, prévu en 2025. Par ailleurs, elle n'exclut pas la mise en œuvre d’un double diplôme avec une école de commerce notamment pour correspondre aux attentes des étudiants qui souhaiteraient se lancer dans l’entrepreneuriat.
Côté communication, c’est la première fois qu’elle conviait les journalistes à ses portes ouvertes. Pour se donner de la visibilité, elle mise, par ailleurs, sur l’exposition et la valorisation de travaux d’étudiants, par exemple dans le cadre du festival photographique Kyotographie, ou encore sur « une forme d’éditorialisation avec les médias » et un rapprochement avec des éditeurs. « Nous avons réalisé des illustrations pour Terrain, revue d’anthropologie du CNRS », indique le directeur.
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