Des associations spécialisées dans le réemploi de jouets ont demandé au gouvernement une contribution plus importante des fabricants et distributeurs, alors que la filière de recyclage des jouets est en train de se mettre en place en France.
« Aujourd'hui, nous souhaitons tirer la sonnette d'alarme sur la mise en place de cette fillière qui se dit responsable. En l'état, elle est plus proche d'un greenwashing organisé », juge le réseau Rejouons Solidaire, qui rassemble six associations pionnières dans la collecte et le réemploi de jouets, dans une déclaration commune transmise jeudi à l'AFP.
L'association Rejoué, membre de Rejouons Solidaire, a reçu jeudi la visite de Bérangère Couillard, secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie, dans son atelier de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). « J'attends de l'Etat qu'il agisse comme contrepoids dans les négociations et qu'il appuie notre démarche en termes de financements », a déclaré à cette occasion Claire Tournefier, directrice du développement de Rejoué.
Les jouets sont devenus en janvier dernier une fillière à « Responsabilité élargie du producteur » (REP). Suivant le principe du « pollueur-payeur », fabricants, importateurs et distributeurs ont commencé à payer une écoparticipation pour chaque jouet introduit en France. Alors que moins de 5% des jouets sont actuellement réemployés, 6 000 points de collecte de jouets doivent être mis en place en 2023 sur le territoire français, dans les déchetteries, associations, entreprises, écoles et magasins de jouets.
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100 000 tonnes de jouets sont mis au rebut chaque année en France, et le coût du réemploi est compris entre 5 000 et 9 000 euros pour une tonne de jouets, estimait l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe) en 2020 dans son étude préalable à la création de la filière REP.
Actuellement, la participation des producteurs et distributeurs est inférieure à 1 000 euros pour une tonne de jouets, déplore Claire Piot, responsable réseau de Rejouons Solidaire. Rejoué a plaidé jeudi auprès de la secrétaire d'Etat pour que l'écoparticipation des fabricants et distributeurs soit « conforme à ce qui est écrit dans l'étude de l'Ademe ».
Les enseignes spécialisées King Jouet, Oxybul et JouéClub ont commencé à organiser elles-mêmes le réemploi en proposant dans leurs rayons des jouets de seconde main. Mais Rejouons Solidaire craint que les distributeurs sélectionnent les jouets les plus faciles à revendre afin d'alimenter leurs circuits internes, ne laissant aux associations que ceux plus difficiles à valoriser.