À l'amorce d'une semaine cruciale marquée par un mouvement interprofessionnel et les départs en vacances, la grève continue chez TotalEnergies, aggravant la situation dans les stations-service.
La grève se poursuit lundi 17 octobre dans les raffineries et dépôts de TotalEnergies en dépit de menaces de nouvelles réquisitions et à l’amorce d'une semaine à haut risque, marquée par un mouvement interprofessionnel mardi et les premiers départs en vacances vendredi. « La grève est reconduite (sur les sites de) Normandie, à Donges, La Mède, Feyzin et à Flandres, malgré les réquisitions », a indiqué Eric Sellini, coordinateur CGT pour TotalEnergies, portant le total des sites en grève à trois raffineries (sur sept) et cinq dépôts majeurs (sur environ 200).
La pénurie de carburant ne semblait d’ailleurs pas se résorber ces dernières heures, les chiffres diffusés dimanche soir montrant une aggravation de la situation des stations-service. Pas moins de 30,1% d’entre elles étaient en difficulté contre 27,3% la veille, à cause de livraisons moins nombreuses le week-end, selon le gouvernement. « Nous avons aujourd'hui un sujet de logistique », avait avancé lundi la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, en déplacement sur le dépôt pétrolier de Gennevilliers, alimenté en partie par le dépôt Esso de Port-Jérôme, dont les pipelines ont redémarré. « Mais il faut maintenant pousser le carburant jusque dans les stations », juge la ministre.
Ristournes prolongées
Difficultés à se rendre au travail, inquiétude en zones rurales en pleine période de récoltes et semis, crainte de perturbations dans les départs en vacances et d'annulations : les conséquences pour de nombreux secteurs d'activités se font parallèlement sentir. Face à ce blocage après presque trois semaines de grève, le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire a haussé le ton lundi, affirmant qu'il fallait « libérer les dépôts de carburants et les raffineries ». « Le temps de la négociation est passé il y a eu une négociation, il y a eu un accord, cela veut dire qu'il faut que force reste à la voix majoritaire », a-t-il ajouté sur BFMTV. Alors que la grève a fait drastiquement monter les prix à la pompe, la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé la prolongation de la ristourne de 30 centimes, assurant que TotalEnergies allait « également » prolonger sa remise de 20 centimes. L'aide financée par l'Etat devait baisser à 10 centimes à partir du mois de novembre.
Chez TotalEnergies, un accord sur des augmentations salariales avait été conclu dans la nuit de jeudi à vendredi avec deux syndicats majoritaires, la CFDT et la CFE-CGC. Il prévoit une « enveloppe » globale de hausse des salaires de 7%, dont 5% d'augmentation pour les ouvriers et techniciens et 3,5% pour les cadres, plus une part individuelle qui pourra différer selon les personnes. S'y ajoute une prime d'un mois de salaire, avec un plancher de 3 000 euros et un plafond de 6 000 euros. La CGT réclame 10%, correspondant à « l'inflation plus le partage » des bénéfices engrangés par l'entreprise pétrolière, à savoir 5,8 milliards d'euros pour le seul deuxième trimestre. Le syndicat compte poursuivre le mouvement jusqu'à mardi, journée de « mobilisation et de grève » interprofessionnelle à laquelle ont aussi appelé FO, Solidaires et la FSU.