Postcovid, bien des entreprises se retrouvent dans une situation complexe, avec d’un côté une injonction à l’innovation et à l’accélération, mais de l’autre des individus qui peinent à suivre ce rythme… Comment réconcilier ces temporalités contradictoires ?
François-Xavier Pierrel : Quoi qu’il arrive, les entreprises leaders de la tech, comme Facebook ou Google, sont toujours en train de regarder devant. Pour des entreprises plus traditionnelles, prises entre le marteau et l’enclume d’une crise, prendre le temps de regarder en avant pour anticiper différents scénarios est aussi une obligation : si elles n’en sont pas capables, elles vont dans le mur et peuvent disparaître très rapidement.
Olivier Mazeron : La technologie ouvre des horizons qui n’existaient pas dans nos entreprises il y a quatre ou cinq ans : c’est ça qui change tout et qui rend la priorisation encore plus complexe. Soyons clairs, la technologie est un moyen, pas une fin en soi. Elle ouvre le champ des possibles, mais in fine, c’est l’humain qui doit prendre les décisions.
Plus de technologie, plus d’accélération, ça veut donc aussi dire paradoxalement plus d’humain ?
F.-X.P. : Oui, car la technologie oblige à un retour à l’intelligence collective. Elle casse des plafonds de verre : avec le digital et la data, on est obligés d’être davantage dans la transversalité, en faisant échanger entre elles des équipes et des personnes qui ne se parlaient pas avant.
O.M. : Tout cela fait qu’aujourd’hui l’intelligence des grands groupes n’est plus seulement top-down, elle vient de partout et de toutes les équipes : elle peut émerger d’un marché africain, de l’Australie ou de l’Asie… La clé de succès est donc d’être capable d’identifier les technologies, d’où qu’elles viennent, et d’être capable de les déployer très largement, le plus rapidement possible.
Mais dire ça, n’est-ce pas voir seulement le verre à moitié plein ? Comment appréhender la casse humaine, qui est inhérente à l’évolution des fonctions et des métiers ?
F.-X.P. : C’est un pilier de la RSE et ça va devenir une obligation : accompagner les individus dans l’accélération fait partie de la responsabilité des entreprises. Avant, JCDecaux collait des affiches, puis il y a eu les panneaux qui tournent, maintenant les panneaux digitaux. Et demain ? Peut-être que le groupe vendra de la publicité dans les métavers ! Et que Tesla vendra des capsules de café ! Toute la force d’un grand groupe, c’est aussi d’anticiper ces changements-là, pour accompagner la montée en compétences et le développement des équipes.
O.M. : Formation, inclusion et partage !