Plus de 150 000, c’est le nombre de créateurs de contenus recensés en 2021 en France. Cette nouvelle profession s’est structurée au point de devenir une catégorie socioprofessionnelle à part entière. Pour l’influenceur @Akamztweenty (1,1 million d’abonnés sur Instagram et 13,7 millions d’abonnés sur TikTok), «le métier de créateur de contenus va évoluer de la même manière que celui du graphiste. Il y a une vingtaine d’années celui-ci n’était pas considéré comme un métier. Nous voilà même aujourd’hui avec des écoles proposant des parcours spécialisés dans le graphisme», ajoute-t-il.
En effet, le milieu artistique a également connu une mutation au point que des établissements dédiés aux métiers de danseurs, d’acteurs et chanteurs, ont vu le jour. Et si demain, les futurs créateurs de contenus pouvaient intégrer des établissements pour apprendre à gérer une carrière de créateur de contenus d’un point de vue créatif, administratif et commercial ? «Il est fort probable que cette profession soit encadrée par un syndicat, avance @ Akamztweenty, profession déjà encadrée par l’ARPP. Cela ajoutera une flèche aux carquois des étudiants désireux de bosser dans le digital. Dans la mesure où c’est un métier au sens propre du terme, je souhaite la même chose au créateur de contenus, même si je préférerais que cela reste organique et non académique. C’est ce qui crée l’effervescence autour de ce phénomène et l’authenticité. Nous touchons de plus en plus de domaines, de personnes et nous repoussons les limites du possible grâce à notre créativité et nos contenus. Par conséquent, d’ici quelques années, il est difficile de présager où nous nous situons mais ce qui est sûr c’est que le monde de demain devra composer avec nous », est persuadé l’influenceur qui crée du contenu humoristique sur Instagram et TikTok.
Un écosystème à part entière ?
Qu’il s’agisse de la micro ou de la macro-influence, les créateurs de contenus perçoivent des revenus de leur activité, au point que ces nouvelles sources de revenus donnent naissance à une économie à part entière. À condition en revanche d’endosser avec brio la casquette d’entrepreneur pour créer son propre empire et savoir s’appuyer sur son audience pour développer de nouvelles activités. La stratégie marketing de Kylie Jenner en est un parfait exemple. L’ancienne candidate de la téléréalité américaine a lancé plusieurs collections de vêtements et sa propre marque sous le nom de «Kylie Cosmetics». De nouveaux services B to B pouvant soutenir l’activité des créateurs pourraient d’ailleurs émerger : services de conciergerie, service de production de contenus, services de gestion administrative, etc.
Du côté des plateformes, ces dernières devront continuellement se renouveler pour draguer les créateurs de contenus et ainsi conserver leurs utilisateurs et leur modèle économique. Cela peut passer par de nouvelles fonctionnalités voire de nouveaux formats, afin que les influenceurs puissent jouer un rôle plus important dans le processus de création. Rappelons qu’initialement, les nouvelles fonctionnalités étaient davantage focalisées sur les utilisateurs. «D’ici quelques années, nous connaîtrons peut-être l’émergence de nouveaux réseaux sociaux répondant à de nouveaux besoins. C’est cyclique, c’est l’innovation, assure @Akamztweenty. Ce qui est certain, c’est que l’évolution des réseaux se fera avec ses utilisateurs, on peut s’attendre à des extensions de formats ou de plateformes. Tant que cela ne dénature pas le lien humain et nos valeurs les plus nobles, je suis pour. Les réseaux sociaux doivent demeurer l’outil. Ils ne doivent pas être une fin en soi. »
Diffusion du contenu à 360
Le contenu et le temps de visionnage étant au cœur de l’écosystème des réseaux sociaux, les plateformes se rapprochent toujours plus des médias traditionnels et plateformes de streaming. Des contenus entièrement produits par les plateformes, sous la forme de films voire de séries pourraient davantage se développer.
Enfin, l’émergence de deux phénomènes importants, le deuxième découlant du premier : le contenu est partout, en très grand nombre, et les créateurs de contenus ressentent de plus en plus le besoin de créer des rendez-vous à horaires fixes afin de maximiser leur audience. De là à imaginer que les plateformes créeront une grille de publication hebdomadaire afin de répondre à cet usage, il n’y a qu’un pas. En effet, celles-ci s’appuieraient sur les contenus produits par les créateurs pour construire une grille personnalisée (en inspirationnel) en fonction de l’audience, et personnalisable par chaque utilisateur. «J’imagine que les réseaux sociaux vont prendre de plus en plus de place, que le nombre de créateurs de contenus va exploser et qu’il y aura certainement de nouvelles habitudes ou un nouveau réseau social qui va encore plus nous tenir en haleine, déclare l’influenceuse @_honeyshay, qui fédère une communauté de 470 000 abonnés sur Instagram et de 510 000 abonnés sur YouTube. Sur les réseaux sociaux, il y a constamment des nouveautés, de nouvelles manières de consommer et de créer. Mais le trop est l’ennemi du bien. J’espère que les réseaux sociaux ne vont pas devenir déstabilisants à force de vouloir innover», poursuit la créatrice, qui reste attentive à l’évolution des réseaux sociaux.
Finalement, le monde de demain n’aura pas fait disparaître les médias traditionnels. Simplement, on retrouvera le fonctionnement de la télévision sur les réseaux sociaux, suivant le renouvellement des habitudes de consommation d’une audience plus rajeunie. Plus que jamais, les plateformes seront au cœur de l’univers digital afin de s’adapter aux besoins et envies des consommateurs de la génération digital native. Elles seront amenées à étendre leurs offres afin de devenir des producteurs à part entière dans le but de réaliser leurs propres films et séries avec différents créateurs de contenus. Un écosystème complet sera développé autour du créateur de contenu. Tout est donc à concevoir, à condition de créer du contenu engageant…