La Chine, de plus en plus offensive face aux accusations de violation des droits de sa minorité ouïghoure, a pris des mesures de rétorsion contre le géant du prêt-à-porter suédois H&M, qui avait décidé l'an dernier d'arrêter d'utiliser du coton en provenance du Xinjiang, province peuplée d'Ouïghours. Les produits H&M ont disparu mercredi 24 mars de la plateforme Taobao, propriété du géant Alibaba, tandis que deux acteurs populaires ont coupé leurs liens avec le groupe suédois et que les médias d'Etat chinois ont critiqué le groupe.
Les médias d'État ont ainsi parlé de «mensonges» et d'«intentions cachées», la chaîne CCTV accusant H&M de «manger le riz chinois tout en cassant le bol» et de chercher à «détruire le développement des entreprises et des travailleurs chinois». L'actrice et chanteuse chinoise Victoria Song, qui a collaboré l'an dernier avec H&M sur une collection, a publié un communiqué indiquant qu'elle coupait ses liens avec le groupe et que «les intérêts du pays passaient avant tout».
«Camps de rééducation»
Le groupe d'habillement Hennes et Mauritz (H&M) avait annoncé l'an dernier qu'il n'utiliserait plus de coton provenant du Xinjiang, province chinoise peuplée d'Ouïghours, minorité musulmane réprimée et exploitée par Pékin selon les défenseurs de droits humains, ce que nie le régime communiste.
Cette décision était intervenue après un rapport de l'ONG Australian Strategic Policy Institute accusant le groupe de s'être approvisionné «potentiellement directement ou indirectement», entre 2017 et 2019, auprès de structures utilisant de la main-d’œuvre ouïghoure provenant de «camps de rééducation».
«Aucune position politique»
H&M Chine a déclaré dans un communiqué mercredi qu'il n'endossait «aucune position politique» et restait engagé sur le long-terme en Chine. L'Union européenne, les États-Unis, le Royaume-Uni et le Canada ont imposé lundi des sanctions à l'encontre de dirigeants passés ou actuels du Xinjiang. Selon des études d'instituts américains et australien, au moins un million d’Ouïghours ont été internés dans des «camps» du Xinjiang et certains soumis à du «travail forcé» et des «stérilisations».
La Chine dément catégoriquement les deux dernières accusations et affirme que les camps sont des «centres de formation professionnelle» destinés à éloigner la population de l'extrémisme religieux et du séparatisme, après une série d'attentats attribués à des Ouïghours. Un argumentaire qui ne trompe personne.
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