Fintech
La Chine a suspendu in extremis l'entrée en Bourse record du géant du paiement en ligne Ant Group, faisant chuter par ricochet le titre d’Alibaba. Explications.

La Chine a suspendu in extremis mardi 3 novembre l'entrée en Bourse record du géant du paiement en ligne Ant Group, soumis à une pression croissante des régulateurs financiers. Cette suspension a fait chuter le titre du géant du commerce en ligne Alibaba, également créé par le milliardaire Jack Ma, et auquel Ant Group est lié. Le titre a perdu 8% à Wall Street mardi et près de 10% mercredi à l'ouverture de la Bourse de Hong Kong.

Ant Group, qui compte 731 millions d'utilisateurs mensuels actifs sur sa plateforme de paiement Alipay, a contribué à révolutionner le commerce et les services de paiement en Chine, les consommateurs utilisant désormais massivement leur smartphone pour payer leurs achats quotidiens. Mais Ant Group a aussi suscité l'inquiétude des régulateurs financiers en faisant irruption dans le secteur des prêts personnels et à la consommation, de la gestion de patrimoine et des assurances.

Le groupe a annoncé mardi qu'il suspendait son entrée en bourse prévue jeudi sur les places de Hong Kong et Shanghai, après avoir été contraint par le régulateur chinois de reporter l'introduction prévue à Shanghai. L'opération devait lui permettre de lever au moins 34,4 milliards de dollars, un record historique.

Réunion inhabituelle avec les régulateurs

La Bourse de Shanghai s'était dite inquiète dans un communiqué distinct du risque que l'entreprise ne puisse «respecter les conditions d'émission et d'enregistrement ou les exigences (des régulateurs) en matière d'information». Le groupe lui-même a «fait état de problèmes majeurs tels que des changements dans la supervision de la fintech», a-t-elle souligné.

L'annonce fait en effet suite à la mise en place de nouvelles réglementations destinées à limiter les risques liés au secteur en pleine croissance des prêts en ligne en Chine, dans laquelle Ant Group a investi de manière agressive.

Elle intervient aussi au lendemain d'une réunion inhabituelle avec les régulateurs à laquelle avaient été convoqués Jack Ma, principal actionnaire d'Ant Groupe, le président du groupe Eric Jing et le directeur général Simon Hu. Les médias d'Etat avaient récemment mis en garde contre l'instabilité financière qui pourrait résulter de la croissance rapide du groupe.

Jack Ma, l'un des plus puissants milliardaires chinois, a été la cible des critiques des médias d'Etat après un discours fin octobre à Shanghai dans lequel il a semblé accuser les régulateurs de brider l'innovation des fintech, et s'est vanté du record boursier qu'Ant s'apprêtait à battre, après celui d'Alibaba à Wall Street en 2015 (25 milliards de dollars). Le record a été battu l'an dernier par le géant saoudien du pétrole Aramco (29,4 milliards de dollars).

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