Streaming
Le confinement a du bon pour certains. En perte de vitesse, Netflix a repris du poil de la bête en acquérant 15,8 millions nouveaux abonnés entre janvier et mars. La plateforme reste toutefois lucide quant à ces résultats, qu'elle qualifie de temporaires.

Le confinement a renforcé la position de leader de Netflix, qui compte désormais 183 millions d'abonnés, mais le géant du streaming affiche la prudence sur son avenir à cause des incertitudes liées à la pandémie et de la concurrence croissante de ses rivaux. La plateforme a séduit 15,8 millions nouveaux abonnés payants de janvier à mars, contre 9,6 millions sur la même période l'année dernière, d'après son communiqué de résulats publié mardi 21 avril. Une accélération que le groupe qualifie de «temporaire».

«Un record» selon David Sidebottom, analyste chez Futuresource. «Cela vient des nouveaux ménages, mais aussi d'anciens adeptes qui avaient résilié leur contrat», poursuit-il. Pour le deuxième trimestre, Netflix table sur 7,5 millions de clients supplémentaires. «C'est très compliqué de penser sur le long terme, car pour l'instant nous sommes concentrés sur notre petite contribution dans ces temps difficiles, qui est de rendre le confinement un peu plus supportable», a indiqué Reed Hastings, cofondateur et patron du groupe.

Les coulisses de Netflix

L'entreprise californienne s'attend à un ralentissement de la croissance du nombre d'abonnés quand la vie sociale reprendra. «Les personnes qui n'ont pas rejoint Netflix pendant tout le confinement ne le feront sans doute pas juste après», soulève l'entreprise. Ces très bons résultats ne lui ont valu qu'une timide approbation de Wall Street, où le titre s'appréciait de 0,2% lors des échanges électroniques après la clôture. Netflix a doublé son bénéfice net au premier trimestre, à 709 millions de dollars, pour un chiffre d'affaires de 5,8 milliards de dollars, en hausse de 28% sur un an.

La plateforme dispose de réserves de cash, puisque certaines dépenses ont été remises à plus tard, quand la production de films et séries pourra reprendre. Elle ne s'inquiète pourtant pas des probables retards de calendrier. «Nos films et séries prévus pour 2020 sont pour la plupart déjà prêts à diffuser ou en post-production. Pour "The Crown", par exemple, on en est aux touches finales, et la série sortira bien cette année», s'est félicité Ted Sarandos. Netflix ne peut pas se permettre de perdre le rythme de la production, alors que la concurrence fait rage entre les anciens et nouveaux entrants.

Le maître plus fort que l'élève    

Apple TV+ et Disney+ sont entrés en scène avec des moyens importants à l'automne, suivis par Quibi sur les mobiles, et bientôt rejoints par HBO Max (AT&T) et Peacock (Comcast) au printemps. «Nos programmations originales ont gagné en prévalence sur la plateforme et nous allons continuer dans cette direction parce que nos fournisseurs sont en train de devenir nos rivaux et ils vont être de moins en moins enclins à nous vendre des contenus», a admis Ted Sarandos. Disney, notamment, s'est fait remarquer en conquérant 50 millions d'abonnés payants dans le monde, cinq mois après son lancement aux Etats-Unis et deux semaines après son arrivée en Europe. «Je n'ai jamais vu une exécution aussi réussie de la part du vétéran d'un secteur. Je leur tire mon chapeau», s'est extasié Reed Hastings.

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