Pari risqué ? Microsoft se lance à son tour dans l'aventure des tablettes. Lundi 18 juin, il annonçait à la presse, à Los Angeles, le lancement de deux tablettes dénommées Surface, l'une pour le grand public, l'autre pour les professionnels. A première vue, elles sont prometteuses: munies d'un stylet, elles «tourneront» sans doute sous Windows 8, le nouveau système d'exploitation attendu pour cet été. Leur support intégré permet de les poser et leur clavier, housse protection qui se clipse à l'écran, de les utiliser comme un ordinateur portable.
Mais c'est un sacré défi pour Microsoft, le géant des logiciels qui s'aventure enfin sur le terrain des tablettes tactiles, où Apple s'est imposé en deux ans, détenant plus de 60% du marché, et alors que des constructeurs ont dû retirer leurs tablettes du marché, tels RIM, HP, ou encore LG. Microsoft pourrait faire la différence sur les capacités techniques de ses tablettes – aucun prototype n'a pour l'instant été testé – et le prix, inconnu pour l'instant, tout comme la date de lancement.
La concurrence tous azimuts d'Apple
La tablette consacre en tout cas «une toute nouvelle famille d'appareils signés Microsoft», déclarait le PDG de l'entreprise, Steve Ballmer, le 18 juin, une famille inaugurée avec sa table tactile Surface, lancée en 2007, mais cantonnée à un marché B to B. Microsoft sort ainsi de son métier historique d'éditeur de logiciels pour devenir constructeur de produits. Des incursions déjà tentées ces dernières années, avec parfois des échecs cuisants. Certes, le groupe de Seattle a connu un succès avec sa console Xbox 360, mais il avait jeté l'éponge sur le terrain des baladeurs «en arrêtant en 2011 le Zune, écrasé face à l'Ipod, tout comme le téléphone Kin, mort-né en 2010 au bout de quelques semaines d'exploitation», rappelle Aurélien Duthoit, directeur d'études chez Xerfi Global.
Deux projets de tablettes, la Tablet PC en 2002 et Origami en 2005, sont restés à l'état de prototypes. S'y ajoute le lancement mitigé, en début d'année, de la gamme de téléphones haut de gamme Lumia avec Nokia, 2,2 millions d'unités écoulés au 1er trimestre 2012 selon les analystes d'IDC, contre 35 millions d'Iphone.
Autre question: Microsoft veut-il vraiment entrer sur le marché du matériel? Certes, cela lui permet de démontrer ce que l'on peut faire avec son nouveau système d'exploitation. Et de suivre le modèle Apple, qui «capte la valeur sur toute la chaîne, de la vente de produits aux services et logiciels. Peut-être que Microsoft va chercher un constructeur pour partenaire, comme HP ou Asus. Mais il devra en trouver un assez gros», estime Aurélien Duthoit.