Pourquoi quitter l'univers des start-up, en plein essor, pour rejoindre le géant finlandais Nokia, en difficulté?
Paul Amsellem. Nokia m'a recommandé de garder un pied dans l'univers des start-up, puisque je reste au conseil d'administration de ces sociétés (lire page xx). Ma feuille de route est d'insuffler la culture des start-up et de la prise de risque au sein d'un groupe, qui est encore leader mondial, avec trois objectifs: développer et améliorer la distribution de Nokia, développer le marketing et la communication, réfléchir sur les écosystèmes mobiles.
Comment analysez-vous aujourd'hui le marché du mobile?
P.A. Deux tiers des téléphones mobiles vendus sont des smartphones, on voit se développer de nouveaux usages, des achats par l'Internet mobile. Avec Nokia, nous sommes à moins de 25% de parts de marché dans le monde. Nous voulons équiper le prochain milliard d'utilisateurs de l'Internet, essentiellement dans les pays en développement, où la première expérience de l'Internet passera par l'Internet mobile. Contrairement à ce que l'on croit, le marché est encore naissant et il bouge vite. Il y a une chance pour Nokia et Microsoft.
Quelles sont les perspectives pour le marketing mobile?
P.A. Le marché est toujours tiré essentiellement par les applications. Mais il se rééquilibre : les utilisateurs vont de nouveau surfer directement au sein du navigateur. Aujourd'hui, les systèmes d'exploitation Iphone et Android sont prédominants sur le marché, mais il reste une place pour un troisième écosystème: soit Blackberry de RIM, soit Bada de Samsung, soit Windows. La dynamique du marché est bonne, mais n'est pas encore assez relayée par la publicité mobile: un petit marché, qui ne représentera que 60 millions d'euros cette année d'après le SRI (Syndicat des régies Internet), contre 30 millions en 2010. Les annonceurs doivent l'insérer dans leur plan média: on ne compte que 200 annonceurs récurrents sur le mobile, contre 3 000 sur Internet. Or il faut un modèle économique, sinon les éditeurs ne vont pas développer leurs applications. L'avantage de Nokia sur ce marché des applications, c'est que nous intégrons les revenus de l'opérateur: je télécharge une appli, je suis facturé directement par mon opérateur.
Les futurs usages mobiles passeront-ils par la géolocalisation?
P. A. Les annonceurs sont en train de mener leur première expérience sur l'Internet mobile. Nokia mise sur des services tels que Nokia Drive ou Nokia Maps qui intègre des données issues du guide Michelin et du Lonely Planet. Et nous avons pour priorité nos nouveaux services, tels que «Foursquare Like», que nous allons lancer prochainement.
Avec le lancement de vos Lumia, premiers appareils sous Windows Phone, Nokia se repositionne-t-il sur le haut de gamme?
P.A. Ce sont des produits moyen/haut de gamme. Nous allons développer des smartphones, mais ils ne pourront pas être à moins de 100 euros. Nous allons développer la gamme des Lumia avec d'autres produits en 2012. Par ailleurs, nous repositionnons la marque Nokia en ciblant les 15-25 ans. Aujourd'hui, tout le monde a un Iphone: ce n'est plus un produit de différenciation, alors que notre nouveau modèle l'est.
La sortie de smarpthones sous Windows scelle donc le sort de l'OS maison de Nokia, Symbian...
P.A. Symbian sera maintenu jusque 2016 en support consommateur, et d'autres modèles sous Symbian vont continuer à sortir jusque courant 2012.
Encadré
Dates clés
1999. Fondateur de Phonevalley
2002. Cofondateur de la Mobile Marketing Association France (MMAF)
2003. Il crée SBW Paris qui devient Adenyo, rachetée en février 2011 par Motricity
2010. Il lance Appcity, moteur de recherche universel d'applications de l'ensemble des terminaux mobiles, tous OS confondus
2011. Il créé une société d'investissement et de conseil dans l'univers du mobile
Mobile Network Group
Juillet 2011. Nommé directeur général France de Nokia