Marketing politique
Le parti de Nicolas Sarkozy redoute de voir le PS, à l'occasion de ses primaires, se constituer légalement une base de données «opt-in» de sympathisants.

Un million de tracts et 200.000 affiches ont été envoyés aux fédérations de l'UMP fin juin et seront distribués d'ici aux primaires du Parti socialiste. Le contenu de ces tracts concerne la procédure de désignation du candidat socialiste à la présidentielle qui -pour la première fois en France- est ouverte à tous les électeurs qui pourront, les 9 et 16 octobre, voter pour un des candidats à la candidature, moyennant un euro et la signature d'une charte d'adhésion aux valeurs de la gauche.
L'UMP alerte dans son tract sur les dangers d'un «fichage politique» des électeurs à l'occasion de ce vote, pointant le «risque de discrimination en fonction de l'opinion politique» et le manque de «garanties sur la destruction immédiate des fichiers». A l'UMP, on indique s'inquiéter du risque «que les maires copient les listes d'émargement et se constituent en creux une liste des opposants».

Le PS répond point par point sur son site à «ces mensonges de l'UMP» et rappelle que la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés (CNIL), a validé la procédure, indiquant que «les maires n'auront pas accès aux listes électorales des primaires immédiatement transmises sous scellé aux équipes nationales du PS qui prendront en charge leur destruction devant huissier».
En revanche, le PS précise qu'un «deuxième fichier sera constitué sur la base du volontariat des électeurs qui laisseront leurs coordonnées et accepteront qu'elles soient utilisées pendant la campagne».
C'est vraisemblablement ce deuxième fichier «opt in» qui inquiète l'UMP, si l'on en croit Arnaud Dassier, responsable de la campagne e-marketing de Nicolas Sarkozy en 2006. Il rappelle d'ailleurs que, depuis 2000, les candidats américains (Georges W.Bush puis Barack Obama) qui avaient la plus grosse base de données de sympathisants ont remporté, à chaque fois, l'élection.
«L'UMP a vu le danger et cherche les moyens d'entraver autant que possible le processus » note Arnaud Dassier sur Atlantico.fr.
La location d'adresses e-mails à des fins politiques étant interdite par la CNIL depuis 2006, l'UMP n'aura pas d'occasion de collecter avec leur accord les données d'une armée de sympathisants, dans les six mois restants avant la fin de la campagne en décembre prochain.

Pour la présidentielle de 2007, Arnaud Dassier avait lancé, 18 mois avant la fin de la campagne, le recrutement en ligne, via à l'achat de mots clés politiques sur Google de mai 2005 à décembre 2006 et l'envoi de 2, 3 millions d'e-mails spontanés (interdits depuis) à l'automne 2005 pour recruter au final 300.000 sympathisants...pour un coût d'acquiqistion de 1 à 2 euros.

Si le Parti Socialiste attire, à minina, comme en Italie, 2 millions d'électeurs à ses primaires, le bénéfice potentiel est facile à calculer....et la tentative de dissuasion à sa mesure.

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