événementiel
Après la décision de la France de dédier l'année du Mexique à Florence Cassez, le Mexique a préféré se retirer de l’événement, provoquant sa suspension. Une situation exceptionnelle aux lourdes conséquences économiques.

Près de la place de la Madeleine, à Paris, une grande banderole barre la façade de la Pinacothèque: «Exposition annulée». Consacrée à l'une des plus importantes découvertes archéologiques de la dernière décennie au Mexique, «Les Masques de jade mayas» devait débuter le 1er mars. Quelque 360 manifestations (artistiques, économiques, éducatives, etc.) étaient prévues cette année. Les annulations n'ont cessé de s'accumuler ces dernières semaines.

Afin de prendre la mesure de la situation, les commissaires des deux pays se sont rencontrés lundi 14 et mardi 15 mars à Paris. Officiellement, il s'agissait de «prendre les mesures administratives et financières imposées par une telle situation». À l'heure où nous écrivons ces lignes, la réunion n'était pas encore terminée.

«D'une manière générale, cette annulation est extrêmement dommageable sur le plan économique, mais aussi par ses dégâts collatéraux sur les prestataires et les intermittents du spectacle, analyse Richard Attias, PDG de l'agence The Experience, organisateur de grands événements internationaux. Ce n'est cependant pas dramatique en termes d'image, même si ces années dédiées à un pays donnent un élan supplémentaire.»

La diffusion le 8 mars d'un communiqué de presse de l'Institut français, opérateur de l'année du Mexique en France pour le ministère de la Culture, a été interprétée comme l'annulation pure et simple de l'événement, un mois après son lancement. «L'année du Mexique n'existe plus, c'est-à-dire que le label n'a plus lieu d'être, les Mexicains s'étant retirés et rendant impossible la mise en œuvre des manifestations», indique-t-on à l'Institut français.

Il semble que ce ne soit pas une première en France, puisque le Maroc avait annulé en 1990 un événement semblable, qui ne s'était déroulé qu'en… 1999, avec Frédéric Mitterrand dans le rôle du commissaire général français.

Huit mécènes français

Les artistes mexicains qui devaient participer à la programmation artistique ont exprimé leur vif mécontentement. À l'image du céramiste Gustavo Pérez, certains envisagent de payer eux-mêmes le transport de leurs œuvres. «Une exposition ou un concert n'ont pas forcément besoin de se dérouler sous l'égide d'une institution, considère Richard Attias. Des scénarios de repli sont crédibles, à condition de disposer d'une autonomie financière et du support logistique.»

Du côté des mécènes, le président français de l'année du Mexique, Jean-Paul Herteman, président du directoire du groupe aéronautique Safran, n'a pas souhaité répondre à nos questions. Il avait pour homologue du côté mexicain Miguel Alemán, président du groupe Aerolíneas Interjet.

Huit mécènes français s'étaient associés à l'événement: Air France, Axa, le fabricant de matériaux de construction Cemex, Eurocopter, Lafarge, le cabinet d'audit Mazars, Safran et Schneider Electric. Le budget réuni par ces mécènes s'élevait à 3 millions d'euros, d'après Les Échos.

«Nous ne nous associons pas à beaucoup de manifestations, mais pour le Mexique, c'est différent, explique-t-on à la direction de la communication du groupe Safran. Le président mexicain a fait du secteur aéronautique une priorité industrielle.» L'entreprise française est très présente dans ce domaine au Mexique, avec près de 3000 employés sur place.

«Pour les mécènes, l'annulation représente une opportunité de perdue, mais ce n'est pas un drame dans leur stratégie de communication», conclut Richard Attias.

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