À l’heure du dépassement des limites planétaires, la thématique des nouveaux imaginaires ou des nouveaux récits s’impose comme un levier efficace pour accélérer les changements de comportements. Un article également disponible en version audio.

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Quelques saisons après le début de la série 24h Chrono, les Américains élisaient un président noir. Héros de Serviteur du peuple, le comédien Volodymyr Zelenski est devenu président de l’Ukraine. Ces exemples montrent combien la fiction peut devancer et même influencer la réalité pour rendre les changements possibles.

Face à l'urgence écologique, les initiatives se multiplient pour diffuser des visions d’un futur désirable et positif, dans la fiction mais aussi dans la publicité et dans les modèles d’affaires. Le 20 mars dernier, dans les locaux de My Little Paris, la Convention des entreprises pour le climat (CEC) lançait officiellement son parcours Nouveaux imaginaires, réunissant une cinquantaine de membres dont les agences Havas, Mieux, Omnicom, Pixelis, des acteurs du divertissement (Netflix, Ubisoft), des médias (Bayard, Konbini, So Good) ou encore des marques comme Bonduelle et Leroy Merlin. Sous le pilotage de Marguerite Laborde, directrice de la marque Mustela, les participants (deux par entreprise) vont plancher sur le sujet au cours d’ateliers de créativité et présenteront leurs restitutions en janvier 2025.

De son côté, Imagine 2050, organisme de formation aux enjeux environnementaux, a développé un Mooc consacré aux nouveaux imaginaires, animé par l’ancienne journaliste de télévision Yasmina Auburtin. Enfin, la Fresque des nouveaux récits, sur le modèle de la Fresque du climat, est une méthode qui permet de déconstruire le modèle de société actuel pour se projeter dans un avenir soutenable. 

« L’expérience commence par un jeu de cartes où les participants découvrent que l’espèce humaine s’est toujours raconté des fables et que les récits dominants, celui de l’American way of life diffusé après la guerre notamment, sont des verrous à la transition, détaille Benoît Rolland de Ravel, co-auteur de la Fresque des nouveaux récits. Mais face aux verrous, il y a des clés. L’être humain n’est pas programmé pour détruire la planète. Il est possible de changer le statu quo actuel, de passer de l’entreprise guidée par le profit à l’entreprise régénérative. » Même propos chez Marguerite Laborde pour la CEC : « Il faut rendre désirable la sobriété, réinventer l’imaginaire de la réussite fondé sur l’accumulation de biens. En covoiturage, on crée du lien, en mangeant moins de viande, on découvre de nouveaux goûts. » 

Entre un futur dystopique peuplé de zombies et des histoires pleines de bons sentiments, il y a de la place pour de nouvelles écritures sans caricature. « La méthode du design fiction permet de faire exploser le plafond de verre de la créativité, assure Yasmina Auburtin. On peut montrer la sobriété de façon cool et sexy. J’ai été étonnée de voir qu’un annonceur comme Axa mettait en scène la désobéissance civile dans sa publicité, en l’occurrence des jeunes qui éteignent les enseignes restées allumées la nuit. » Un exemple parmi d’autres, qui permet de changer les représentations de l'activisme écologique.

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