Le portefeuille confié au commissaire français devrait être «élargi» aux «outils de financement de la compétitivité», et doté d'un statut de vice-président exécutif.
Emmanuel Macron a proposé lundi 16 septembre son ministre démissionnaire des Affaires étrangères Stéphane Séjourné comme commissaire européen, doté d'attributions élargies, après la démission fracassante de Thierry Breton, qui était chargé du Marché intérieur et a beaucoup apporté pour porter la législation européenne en matière de numérique. « Depuis la Présidence française du Conseil de l'UE en 2022 et son deuxième discours de la Sorbonne en avril 2024, le (chef de l'Etat) a toujours défendu l'obtention pour la France d'un portefeuille-clé de Commissaire européen, centré sur les enjeux de souveraineté industrielle, technologique et de compétitivité européenne », a souligné l'Elysée.
Le chef de l'Etat remercie Thierry Breton, « un remarquable Commissaire européen » qui a « fortement contribué à faire avancer une politique de souveraineté européenne dans les domaines du numérique (DSA/DMA), du soutien à la base industrielle et technologique de défense européenne ainsi qu'en faveur de la résilience du marché unique de l'Union européenne pendant la crise du Covid ».
Thierry Breton avait fait entendre sa différence sur l'IA Act par rapport à Emmanuel Macron, qui avait aligné sa position sur l'Allemagne et s'était laissé gagner par les arguments des champions français de l'intelligence artificielle, comme Mistral AI. « Si on perd des leaders ou des pionniers à cause de cela, il faudra y revenir », avait déclaré le président français le 11 décembre 2023. Quelques jours plus tard, le commissaire lui répondait par une tribune dans Le Monde intitulée « L’IA Act n’entrave aucunement la révolution en mouvement de l’intelligence artificielle ».
Stéphane Séjourné a été « président du groupe Renew (centristes et libéraux, NDLR) au Parlement européen au cours de la précédente législature et répond à l'ensemble des critères requis. Son engagement européen lui permettra de porter pleinement cet agenda de souveraineté », ajoute la Présidence. Le portefeuille confié au commissaire français devrait être « élargi » aux « outils de financement de la compétitivité », et doté d'un statut de vice-président exécutif, indique-t-on de source européenne.
« Portefeuille prétendument plus influent »
Thierry Breton a annoncé lundi démissionner avec effet immédiat, affirmant que la présidente allemande de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, avec qui il était en froid, avait réclamé son retrait au président français. Selon lui, Ursula von der Leyen a proposé à la France en « guise de compromis politique », dans « la toute dernière ligne droite » de la formation de son futur collège, « un portefeuille prétendument plus influent pour la France ».
A Paris, on réfute toute pression de la présidente de la Commission mais on laisse entendre qu'il fallait une personnalité qui ait la « confiance » à la fois de cette dernière et du président. Dans l'entourage du chef de l'Etat, on met aussi en avant la volonté de « renforcer » le pôle Renew au sein de la Commission au côté de la droite (Parti populaire européen) et de la gauche (Sociaux-démocrates).
« C'est une façon pour lui de réaffirmer que l'Europe reste son domaine et reste avec un agenda de souveraineté européenne porté par la famille Renew, avec une logique politique, au-delà du sujet du seul portefeuille », pointe-t-on dans toujours dans cet entourage élyséen.