Le Parlement du Nicaragua a approuvé mercredi une loi qui punit les auteurs de messages sur les réseaux sociaux induisant « la peur » au sein de la population, une mesure qualifiée de « loi bâillon » par l’opposition en exil.

Autant dire que les régulateurs auront du boulot. Au Nicaragua, une nouvelle loi punit de peines allant jusqu’à cinq ans de prison et d’amendes ceux qui, dans le pays ou à l’étranger, diffusent sur les réseaux sociaux des publications qui provoquent « la peur, la panique ou l’anxiété » au sein de la population, a indiqué dans un communiqué le Parlement contrôlé par le régime du président Daniel Ortega.

Le nouveau texte réforme la loi sur la cybercriminalité de 2020, qui a conduit à l’inculpation et à l’arrestation de nombreux opposants pour « propagation de fausses nouvelles ». Il « renforce la prévention, la confrontation, l’investigation et la poursuite des délits commis par des personnes physiques ou morales à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, à travers les systèmes informatiques, les nouvelles technologies et les réseaux sociaux », ajoute le communiqué du Parlement.

Censure

Les sanctions s’appliqueront également aux « complices ou toute autre personne qui facilite la commission de ces délits », qu’ils soient ou non nicaraguayens, ajoute-t-il. Selon l’opposition, la nouvelle loi légalise la censure sur les réseaux sociaux. Cette mesure fait suite à une réforme du Code pénal adoptée la semaine dernière, qui prévoit des peines pouvant aller jusqu’à 30 ans de prison et la confiscation des biens pour les « crimes contre l’État nicaraguayen » commis par quiconque dans n’importe quel pays du monde.

Le gouvernement de Daniel Ortega a renforcé la répression à la suite des manifestations de l’opposition en 2018. Il a notamment fermé quelque 5 500 ONG et confisqué leurs actifs.

Daniel Ortega, 78 ans, est un ancien chef de guérilla qui a gouverné le Nicaragua dans les années 1980 après le triomphe de la révolution sandiniste. Il est revenu au pouvoir en 2007 et a été réélu lors de scrutins non reconnus par des organismes internationaux, les États-Unis ou l’Union européenne, qui l’accusent de multiples dérives despotiques. En 2018, trois mois de manifestations contre son régime avaient été durement réprimés, faisant plus de 300 morts, des centaines de détenus, et poussant à l’exil des milliers d’autres, selon l’ONU.

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