Si le sujet du numérique est peu présent dans la campagne présidentielle, une sorte de séance de rattrapage a été organisée le 9 mars par le collectif de professionnels de la tech Convergences Numériques pour permettre aux candidats de présenter leurs propositions. Focus sur quelques-unes d’entre elles.
Réconcilier les extrêmes ? Pas toujours impossible. C’est du moins ce qui est apparu lors d’une séance de pitchs un peu particulière, organisée le 9 mars au Cirque d’Hiver Bouglione à Paris. Sept candidats à l’élection présidentielle - ou leurs représentants - ont répondu présent pour évoquer leur vision ou leurs propositions pour le numérique, à l’invitation du collectif Convergences Numériques, fédérant dix associations de la tech française, dont la Fevad, France Digitale ou encore l’Afnum. Dans leurs interventions, le thème de la souveraineté numérique a dominé. Recouvrant un certain nombre de thématiques, comme la protection des données, la cybersécurité ou la maîtrise des infrastructures. « [Je veux] faire confiance aux entreprises pour développer avec [elles] une souveraineté française du numérique », a déclaré Valérie Pécresse, la candidate Les Républicains, première à se lancer devant un auditoire de 1700 acteurs de l’écosystème et autres invités. Une préoccupation partagée mais des recettes pour y parvenir qui diffèrent selon les candidats.
L’actuelle présidente de la région Ile-de-France souhaite ainsi bâtir un futur cloud souverain français à horizon 2030. Elle envisage également, si elle est élue, de mettre en place un « haut conseil à la souveraineté » qui serait chargé de se prononcer quand des entreprises tricolores seront à vendre. Une façon, selon elle, de les protéger des menaces de rachat et de les garder en France. Yannick Jadot, le candidat Europe Ecologie - Les Verts, a à sa suite évoqué le fait de « territorialiser » les data centers et s’est dit favorable à un « RGPD 2 » : « on garantit la portabilité des données personnelles et c’est aux plateformes de venir demander l’accès », a-t-il expliqué en substance.
Et les Gafam ?
Pour Nicolas Dupont-Aignan, de Debout La France, la recherche, le fait de « rapatrier nos chercheurs » constituerait un gage essentiel de souveraineté. Représentant Jean-Luc Mélenchon, de La France Insoumise, le député Bastien Lachaud a évoqué la « planification » comme moyen de garantir cette souveraineté, dans la sauvegarde de laquelle l’Etat aurait un rôle essentiel : « nous avons besoin de régulation donc si cela ne fonctionne pas au niveau de l’Union Européenne, nous le ferons en France », a promis le porte-parole, prenant l’exemple des Gafam « qui échappent à l’impôt ». Lui aussi favorable au développement d’un cloud français, Eric Zemmour, de Reconquête !, souhaite, y compris pour les talents du numérique, appliquer un principe « d’immigration zéro ».
Du côté d’En Marche, c’est un mélange de bilan et de propositions qui a été présenté. « On veut massifier ce qu’on a réussi à faire » jusqu’à présent, a affirmé Cédric O, secrétaire d’Etat au numérique d’Emmanuel Macron. Celui qui envisage de quitter prochainement la politique a par exemple évoqué - sans redéfinir sa fonction - le nouveau campus cyber : inauguré en février, celui-ci réunit à La Défense les acteurs du secteur (entreprises, services de l’Etat…) et vise à dynamiser la coopération et favoriser les développements dans ce domaine. Enfin, refermant le bal, Anne Hidalgo, la candidate du Parti socialiste, pose la question éthique et de la maîtrise des données et entend soutenir l’investissement en fléchant cinq milliards d’euros par an du plan de relance européen vers l’écologie et le numérique.