Nejma Belkhdim a un parcours atypique, semé d’embranchements bizarroïdes et courageux, qui l’ont amenée à cofonder la start-up Nolej, spécialisée dans l’éducation via l’IA.

Elle n’est pas ministre de l’Éducation Nationale, mais elle se donne la même mission : améliorer l’école et l’apprentissage. Elle a seulement troqué le tableau et la craie pour l’intelligence artificielle. À même pas 30 ans, Nejma Belkhdim est cofondatrice de la jeune pousse Nolej, en tant que spécialiste scientifique de la cognition. La start-up, fondée en 2019, propriété de Neuronys, propose de transformer des documents textes, audios ou vidéos, en contenus interactifs, pour aider les profs à préparer leur cours. « Nous voulons redonner le pouvoir aux professeurs, qu’ils puissent s’adapter à leur classe, aux groupes et varier les activités sur un même sujet », explique la scientifique.

Pour arriver à ce poste, Nejma Belkhdim n’a pas suivi l’algorithme classique. Et son parcours est un arbre de décision aux branches élaguées. Née à Meulan dans les Yvelines, elle a grandi ensuite aux Mureaux. Des environnements qui ont questionné son rapport à l’école et à la pédagogie. « L’école vous pousse à aller là où vous êtes bon, mais ne traite pas les domaines où vous êtes mauvais », affirme-t-elle. N’étant pas du tout faite pour les sciences (elle découvrira être dyscalculique) elle se dirige après son bac vers une prépa hypokhâgne/khâgne. « J’ai découvert ici le gouffre des inégalités. J’ai appris l’existence même de l’École normale sup' en prépa. Je n’avais pas du tout les codes ! », lance-t-elle.

Syndrome de l'imposteur

Après ces années « littéraires », elle travaille dans le milieu de l’intérim. Et fuit à Dublin, en Irlande. « Je voulais me confronter aux mondes de la tech, mais en France, à l’époque, quand vous portiez mon nom, c’était impossible d’y entrer », déplore Nejma Belkhdim. Les freins racistes dans la société étaient encore bien en place. En 2017, elle intègre Meta, et s’occupe de la formation des nouveaux employés, tout en suivant des cours de sciences cognitives en France. « C’est assez facile de tout suivre à distance. Je revenais pour les rattrapages… », raconte-t-elle.

Au sein de la firme de Mark Zuckerberg, elle s’est confrontée aux métiers et aux outils encore inconnus en France. « J’ai énormément gagné en confiance en moi, dans ma capacité à comprendre les choses. Depuis des années, dès que je devais faire quelque chose en France, cela me demandait un effort supplémentaire du fait de mon nom ou de mon passé. Faire comme les autres, cela ne suffisait jamais. C’est en Irlande que j’ai levé mon syndrome de l’imposteur. » Si son chemin peut paraître chaotique, elle se rend compte que l’école a toujours été un cadre. En 2019, elle prépare donc sa thèse en sciences cognitives et rencontre Philippe Decottignies avec qui elle fonde Nolej. La jeune pousse a fait un bond avec l’arrivée de ChatGPT, et est déployée aujourd’hui dans plus de 600 lycées et collèges.

Parcours

2011. Hypokhâgne.

2016. Part à Dublin et intègre Hewlett Packard.

2017. Intègre Meta et suit un master en sciences cognitives à l'université Paris Nanterre.

2019. Prépare sa thèse et cofonde Nolej.

2023. Lève 3 millions d’euros en novembre 2023 pour Nolej.

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