En difficulté financière, Atos, fleuron de la tech français, annule son projet d'augmentation de capital lancé l'été dernier. En revanche, des discussions sont toujours en cours avec le milliardaire Daniel Kretinsky qui s'intéresse à l'activité d'infogérance du groupe.
Le groupe informatique Atos, qui connaît de grosses difficultés financières, annule son projet d'augmentation de capital lancé l'été dernier mais poursuit ses discussions avec le milliardaire Daniel Kretinsky pour lui céder une partie de ses activités, a-t-il annoncé lundi 5 février. En outre, le groupe français a demandé « la désignation d'un mandataire ad hoc », une mesure préventive, pour mener les « discussions avec ses banques en vue de parvenir à un plan de refinancement de sa dette
financière », a-t-il indiqué dans un communiqué.
« Compte tenu de l'évolution du contexte du marché, les conditions de réalisation du projet d'augmentation de capital avec droits préférentiels de souscription de 720 millions d'euros ne sont plus réunies », a souligné Atos. Ce projet, qui avait été annoncé à hauteur de 900 millions d'euros au total l'été dernier, avait déjà été revu à la baisse début janvier.
Trouver 3,65 milliards d'euros
Par ailleurs, « les discussions avec Epei », la société d'investissement du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, « se poursuivent » mais toujours « sans certitude qu'elles aboutissent à un accord ». Ces discussions portent sur la vente de Tech Foundations, l'entité qui regroupe les activités historiques d'infogérance d'Atos.
L'enjeu est de taille : confronté à un mur de dette avec 3,65 milliards d'euros d'emprunts et d'obligations à rembourser ou refinancer avant fin 2025, Atos doit parvenir à un accord pour cette transaction s'il veut retrouver un peu d'air. Ce projet de vente avait été annoncé l'été dernier, mais avait déclenché une levée de boucliers, d'élus LR (soucieux de conserver cette entreprise stratégique « dans le giron français »), des milieux d'affaires et de fonds actionnaires. Une mission d'information a été créée par le Sénat.
Faire appel à un « mandataire ad hoc »
En parallèle, des négociations avec Airbus pour le rachat des activités big data et sécurité de l'entreprise, annoncées début janvier, se poursuivent, pour une valeur d'entreprise comprise entre 1,5 et 1,8 milliard d'euros. Dans ce contexte de très lourdes difficultés financières, conséquence de la lente descente aux enfers de ce fleuron de la tech française, des rumeurs avaient récemment couru selon lesquelles un mandataire judiciaire pourrait être désigné. Atos avait démenti.
Sans en arriver à cette extrémité, le groupe souhaite faire appel à un « mandataire ad hoc » pour « encadrer » les discussions avec les banques au sujet de sa dette et « faciliter une issue rapide ». « Le mandataire ad hoc est un tiers indépendant qui aurait notamment pour mission d'assister la société dans ses échanges » avec les banques, « en vue de converger vers une solution financière adéquate dans les meilleurs délais », précise Atos. « Le mandat ad hoc est une procédure amiable permettant de conduire des négociations dans un cadre confidentiel », rappelle le groupe. Selon lui, « le mandat ad hoc ne concernerait que la dette financière » et serait « sans incidence sur les salariés, clients et fournisseurs ».