Atos a annoncé dans un communiqué le départ de son président Bertrand Meunier au profit de Jean-Pierre Mustier. En parallèle, la vente d'une partie des activités de l'ex-fleuron de l'informatique à Daniel Kretinsky est reportée au deuxième trimestre 2024.
Bertrand Meunier, président du conseil d'administration d'Atos, a démissionné après les critiques visant le projet d'une cession partielle du groupe informatique au milliardaire tchèque Daniel Kretinsky. Ce matin, un communiqué venant d'Atos, annonce son remplacement par Jean-Pierre Mustier, un ancien cadre dirigeant des banques Société Générale et Unicredit, et le report de la vente au milliardaire tchèque au deuxième trimestre 2024. Le groupe a souligné qu'il maintenait la stratégie de Bertrand Meunier de scission en deux branches, dont l'une doit être cédée à Daniel Kretinsky, ce qui est « la meilleure des solutions disponibles », ont indiqué les dirigeants d'Atos lors d'un point de presse téléphonique.
« Si l'opération avec EPEI (le groupe de Daniel Kretinsky) n'a pas lieu, le groupe devra accéder aux marchés de capitaux (dettes et actions) et/ou envisager la vente d'actifs supplémentaires » pour « faire face aux échéances de la dette en 2025 », ajoute le groupe. Atos précise être en train de renégocier « certains paramètres » avec Daniel Kretinsky pour « simplifier » le projet de cession. La cession de Tech Foundations doit s'accompagner d'une augmentation de capital d'Atos de 900 millions d'euros, dont 180 millions d'euros réservés au groupe de Daniel Kretinsky.
Ces derniers mois, Bertrand Meunier, qui avait sauvé son poste lors de l'assemblée générale de juin face aux attaques d'un actionnaire minoritaire, était la cible de critiques nourries. En cause, le projet de cession des activités historiques d'infogérance (maintenance des parcs informatiques) du groupe à Daniel Kretinsky. Annoncé en août, ce projet doit être soumis au vote des actionnaires avant la fin de l'année lors d'une assemblée générale extraordinaire. Aucune date n'a été fixée, alors qu'Atos (110.000 salariés dans le monde) est proche de son plus bas historique en Bourse.
Deux actionnaires minoritaires, les fonds Alix AM et CIAM, ont même déposé plainte devant le parquet national financier (PNF), le premier pour corruption active et passive et le second pour « informations fausses ou trompeuses ». D'autres actionnaires minoritaires opposés à la vente, réunis dans l'association Union des actionnaires d'Atos constructifs (Udaac, qui dit représenter environ 2% à 2,5% du capital), préparent un « plan stratégique alternatif » sans cession. L'Udaac avait récemment indiqué vouloir agir en justice pour faire convoquer une assemblée générale dans les plus brefs délais, avec pour objectif la démission de Bertrand Meunier et le renouvellement du conseil d'administration.
La contestation a par ailleurs pris un tour politique: en août, 82 parlementaires LR ont appelé à maintenir Atos « sous le giron français », notamment car sa branche spécialisée dans les supercalculateurs est indispensable aux simulations d'essais nucléaires et à la dissuasion française. « Même si l'opération était menée à son terme, elle n'aurait aucune incidence en termes de contrôle ou de droit de blocage sur les activités sensibles », avait répliqué fin septembre la Première ministre, Elisabeth Borne.