Le salon de la tech made in France, organisé par Publicis et Les Echos – Le Parisien, a attiré 150 000 personnes cette année. Il devance désormais le CES de Las Vegas comme rendez-vous international dédié à l’innovation.

 - L’IA, très attendue

Pour cette édition de VivaTech, l’intelligence artificielle occupait tous les esprits et une partie des stands, quand le Web3, star de l’année dernière, a, lui, totalement fondu. Le président Emmanuel Macron, fidèle au salon depuis ses débuts en 2016, y a fait ses annonces. À retenir : la volonté présidentielle de créer une dizaine de « clusters » d’entreprises dédiées, afin que deux ou trois émergent dans le top mondial, et de tempérer les ardeurs régulatoires de l’Union européenne. Il a par ailleurs annoncé des investissements dans les infrastructures : 50 millions d’euros pour le supercalculateur Jean Zay, ou encore, pour le calculateur exascale (de l’ordre du milliard de milliards d’opérations par seconde) en France, avec une enveloppe de 500 millions d’euros à moitié financé par l’UE. Emmanuel Macron veut aussi soutenir les formations, et le gouvernement a profité de VivaTech pour lancer son plan AI Booster, à destination des PME et ETI. Un appel à projet pour financer jusqu’à 80 % du coût de la transition vers l’IA pour les entreprises de 10 à 2000 salariés et de plus de 250 000 euros de chiffre d’affaires.

- Vers une timide responsabilité

Si les formules 1 et les grosses innovations futuristes qui en mettent plein la vue sont toujours présentes sur le salon, un esprit plus responsable écologiquement tente timidement de se faire une place. À commencer par la start-up Save Your Wardrobe. Distinguée par le grand prix du LVMH Innovation Award remis le 15 juin sur la scène principale, la jeune pousse britannique, fondée en 2017, met l’accent sur la mode circulaire. Son application permet aux utilisateurs, selon leurs besoins, de trouver des services d’entretien, de lavage ou de réparation pour leurs vêtements, afin que ceux-ci ne dorment plus dans leurs placards. Objectif : éviter la surconsommation dans la mode.

Sur les stands des régions françaises, les start-up mettent en avant des solutions très ciblées pour des questions concrètes : réduire la consommation d’eau, d’énergie, à chaque fois dans des processus précis et adaptés localement. Elles ne font pas le show, ne sauvent pas le monde (et ne le revendiquent pas), mais seront peut-être, par leur multitude, celles qui joueront davantage dans la lutte contre le réchauffement climatique. Autre exemple avec la fintech Iceberg Data Lab, rencontrée sur le stand de Bearing Point. Elle fournit de la data environnementale aux institutions financières en compilant les rapports RSE disponibles. Depuis un an, ses équipes développent un outil baptisé Barbatus, basé sur une série d’IA qui se chargent de ce travail, pour permettre de répondre quasi instantanément à des questions ciblées sur le sujet. L’idée des équipes serait de le rendre disponible aux analystes ESG [Environnement, Social et Gouvernance] ou aux directions RSE des entreprises pour les aider à orienter leurs décisions.

- Elon Musk fait le show

Tête d’affiche de cette édition, Elon Musk a assuré le spectacle pendant plus d’une heure le vendredi 16 juin en confirmant ses positions. Si l’on n'a eu que peu d’annonces concrètes, on peut relever que sa société, Neuralink, qui vise à poser des implants dans les cerveaux des humains atteints de troubles neurologiques, devrait passer à la phase de test sur les humains dès 2023. Concernant Twitter, il a aussi réitéré sa position libertaire de la liberté d’expression, s’opposant à une censure face au règlement de l’Union européenne. « Si vous bloquez une personne parce qu’elle dit quelque chose qui vous déplaît, il ne faut que peu de temps avant que la censure ne se retourne contre vous », a-t-il répondu à Christel Heydemann, la PDG d’Orange.

- Le retail media fait un coup

Fidèles à la culture d’annonces et de visibilité de VivaTech, Carrefour et Publicis, avec Alexandre Bompard et Arthur Sadoun, ont profité de cette édition pour annoncer sur scène les détails de leur joint-venture dans le retail media, qui réunit des équipes de CitrusAd (Epsilon) et des équipes de Carrefour Links. Baptisée Unlimitail, et dirigée par Alexis Marcombe, elle sera disponible en Europe continentale, au Brésil et en Argentine. Unlimitail a d’ores et déjà signé avec treize partenaires retailer dans ces régions : Kingfisher France (Castorama et Brico Dépôt), Groupe Galeries Lafayette (Galeries Lafayette, La Redoute, Bazarchic)… et cinq groupes médias en France.

Autre annonce dans le secteur sur VivaTech : le lancement de la régie retail media de Kingfisher, online et offline, sur les sites Castorama et Brico Dépôt. Elle sera dirigée par Gwenola Coicaud, ancienne directrice retail media de Criteo. Basée sur la technologie CitrusAd, Unlimitail sera partenaire pour la commercialisation via une force de vente dédiée. « Pour nous, cette régie sera également une source de revenus importante, compte tenu de la taille qu’on représente, et qui permettra d’aller chercher une part de budget média », commente Romain Roulleau, directeur de la stratégie digitale de Kingfisher.

En parallèle du salon, le jeudi 15 juin fut un grand jour pour le retail media, avec également le lancement de Transact en France, l’entité spécialiste du retail media d’Omnicom. Elle sera dirigée par Virginie Beaugé, à la tête d’une équipe de 20 personnes qui interviendront de manière transversale pour les trois agences du groupe (Hearts & Science, OMD, Re-Mind PHD). Et le lancement par Criteo de C-Grid, son SSP de retail media pour que les éditeurs puissent bénéficier de l’activation des segments « commerce » du géant français de la publicité en ligne. « Les médias voient le retail media en croissance, mais peu y sont associés directement, commente Nicolas Rieul, DG Europe du Sud de Criteo. Certes il y a parfois l’activation des données en dehors du site du retailer, mais cela reste très minoritaire, et la plupart des publicités ont lieux sur le site e-commerce. »