Face à la prise de conscience de l’impact du numérique sur l’environnement, les professionnels continuent de sensibiliser les annonceurs sur l’impact du design des sites, et tentent de mesurer plus précisément.
Une simple visite sur un site web peut sembler anodine. Mais c’est faire fi du volume total et des effets d’échelle. Si certains répondront que l’essentiel de l’impact du numérique se situe à la fabrication des appareils, on pourra leur répondre qu’un site qui « utilise » et ainsi « use » moins le mobile ou l’ordinateur de l’internaute, aura in fine moins d’impact. C’est ainsi que l’écoconception de site web fait son chemin. « Comme la société, de manière générale, s’intéresse davantage à l’impact du numérique, la prise de conscience en entreprise continue », estime Antoine Pic, lead UX au sein de l’agence digitale Infostrates, qui s’est spécialisée sur le sujet. « Les départements marketing ne mesurent pas encore vraiment l’impact que peut avoir la conception de leurs sites, sur leur impact carbone, mais ils sont davantage ouverts à la discussion. Surtout dans les entreprises qui ont un département RSE dédié », continue-t-il. Ils ont pour cela besoin d’outil de mesure précis et d’éléments de comparaison appropriés pour se projeter. « Si vous leur dites qu’avec telle action de design, vous économisez l’équivalent d’une ampoule allumée pendant deux heures, ça aide », poursuit le consultant.
Un outil exhaustif de l’impact de la visite d’un site web, c’est ce qu’a tenté de réaliser la société Greenmetrics. L'outil a été présenté par Guillaume Lochon, lead data scientist, lors d'une conférence de la société savante Aristote, à Polytechnique, le 13 avril dernier. Si différents modèles existent déjà, Greenmetrics a tenté de pousser le curseur plus loin. « Une visite sur un site par un utilisateur possède trois sources d’impact différentes : celle des data centers qui hébergent les données, celle de la transmission, filaire ou sans fil, et celle, plus délicate à mesurer, de l’impact du terminal de l’utilisateur. » Les deux premières sources bénéficient déjà de données précises par les constructeurs. C’est donc sur la dernière source, principale zone d’ombre, que l’entreprise a planché. Entre l’impact de la batterie, du microprocesseur, et la variation du temps de consommation du site, les paramètres se multiplient. « Soit il faut mesurer sur chaque terminal son utilisation précise, mais les données sont confidentielles, soit il faut établir un modèle », ajoute le scientifique. Greenmetrics a donc tenté de réaliser un algorithme, qui permet de calculer en fonction des principaux paramètres de consommation d’un site web, puis en calculant, pour chaque type d’appareil, l’équivalent CO2 total émis en fonction du temps que l’on reste connecté.
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Ces données sont complexes : il faut prendre en compte la localisation du site et de la consultation. En fonction du pays d’origine et du mix énergétique employé, l’impact carbone change énormément (électricité nucléaire, durable ou charbonnée). In fine, dans l’exemple d’un site web d’e-commerce textile, la consultation du terminal représente 70 % de l’impact carbone. D’où la nécessité de bien penser et designer son site web pour réduire ce paramètre. Reste à sensibiliser le public. « Pourquoi ne pas mettre en place une note assez simple, comme le Nutri-Score, pour les sites web, qui permettrait rapidement de savoir l’impact que l’on a chaque seconde que l’on consulte un site », s’interroge Antoine Pic ?