MODÉRATION

Avec le nouveau mécanisme de « Coche Bleue » mis en place par Elon Musk, les désinformateurs gagnent en crédibilité et visibilité, selon une étude de l’organisme spécialisé Newsguard.

« Les « coches bleues » de Twitter signalaient auparavant l’authenticité de l’auteur. Désormais, elles aident des colporteurs d’infox à paraître fiables. » C’est par cette accroche tranchante que Newsguard, spécialisée dans la détection et la classification des infox sur internet, commence son étude sur les conséquences du nouveau mécanisme de certification de Twitter.

Le réseau social, racheté par Elon Musk a limité la « coche bleue » de certification aux comptes abonnés à Twitter Blue, moyennant 9,60 euros par mois sur desktop et 11 euros par mois sur mobile. Depuis le 1er avril, le réseau social supprime progressivement les certifications dites « Legacy ». « Avant l’acquisition de Twitter par Elon Musk, les utilisateurs étaient vérifiés sur la base de l’authenticité, de la notoriété et de l’activité de leur profil, ce que la plateforme appelle aujourd’hui la certification “Legacy” (“héritée” en anglais) », indique Newsguard.

Mais ce changement dans la « labellisation » des sources d’information démultiplie les risques de propagation des fausses nouvelles, donnant davantage de crédibilité à des faux comptes.

« Cela leur confère une apparence de légitimité, alors même que les nouveaux standards de modération de la plateforme, plus laxistes, leur permettent de diffuser de faux récits à grande échelle », précise la start-up.

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Pour le prouver, Newsguard a analysé entre le 1er et le 7 mars 2023, l’activité de 25 comptes Twitter diffusant de la mésinformation et « certifiés » par Twitter Blue. Chacun des 25 comptes disposait d’au moins 50 000 abonnés, et était soit affilié à un site dont NewsGuard a constaté qu’il publiait régulièrement de fausses informations, soit avait propagé l’un des principaux faux récits recensés dans la base de données d’infox.

Cela représente au total 141 tweets et 35 retweets, pour un total de nombres de 27 millions de vues.

Parmi ces 25 comptes, dix ont été réinstaurés sous Elon Musk, après avoir été suspendus par les anciens dirigeants, et les précédentes instances de modération.

Parmi les sujets de désinformation les plus notables, on retrouve les conséquences du Covid 19 et de la vaccination, mais aussi le résultat des élections américaines qui ont vu Joe Biden remporter l’élection, et aussi la guerre Russie-Ukraine.

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Outre la question de la crédibilité apportée à des comptes douteux, la mise en avant algorithmique des tweets des comptes certifiés se pose également. « Les tweets des abonnés Twitter Blue sont également considérés comme prioritaires par Twitter, ce qui signifie qu’ils apparaissent plus haut dans le fil d’actualité des utilisateurs. Bien que les détails du mécanisme de hiérarchisation soient restés secrets pendant la majeure partie du mandat d’Elon Musk en tant que PDG, le code source de Twitter – rendu public fin mars – révèle que les posts des utilisateurs de Twitter Blue bénéficient d’une forte mise en avant en termes d’engagement », précise Newsguard dans son étude.

L’intégralité des 176 posts contenant des allégations fausses, trompeuses ou infondées a été postée entre le 1er et le 7 mars, et partagée par 25 comptes seulement. Mais « le 30 mars, il y avait déjà 525 000 abonnés à Twitter Blue », note l’organisme.

Le rôle d’Elon Musk

L’organisation insiste plusieurs fois sur le rôle d’Elon Musk dans l’augmentation du flou de ces frontières successives entre l’information et la désinformation. Si le patron affirme que « le nouveau Twitter est la source de la vérité », a-t-il tweeté le 6 mars 2023. Il reste difficile de savoir le rôle qu’il joue vraiment. L’objectif de cette refonte selon lui, était de supprimer les bots et les trolls. Mais au prix de la désinformation ? Le patron ne cache pas son implication. « Elon Musk a interagi à plusieurs reprises avec deux des “super-diffuseurs” de fausses informations certifiés Twitter Blue », augmentant leur visibilité de fait. Le milliardaire a également « amplifié une allégation sans fondement » selon laquelle le COVID-19 aurait été fabriqué par l’homme, dans une réponse à un post de @KanekoaTheGreat. Ce même patron qui a déjà été à l’origine dune information non-vérifiée concernant l’agresseur du mari de la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi (un tweet désormais supprimé).

Quoi qu’il en soit, Twitter, qui était gardé à l’œil de l’Arcom concernant l’information et la modération, devra peut-être s’inquiéter. « Les conclusions notre étude montrent que Twitter, sous Elon Musk, est devenu un espace qui permet à certains colporteurs de mésinformation influents de se déchaîner. » indique NewsGard. Voilà qui ne devrait pas attirer les annonceurs, dont beaucoup sont déjà partis.

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