Google a réuni près de 200 journalistes internationaux, le 8 février, à Paris, pour présenter ses nouveautés en matière d’intelligence artificielle, et donner quelques détails sur Bard, le service censé concurrencer ChatGPT. Le tout également en live diffusé dans le monde entier. À l’aube de sa vingt-cinquième année, et attaqué sur ses bases, Google veut réaffirmer qu’il est bien présent sur le terrain de l’IA, et sur le Search.
Google a réuni près de 200 journalistes internationaux, le 8 février, à Paris, pour présenter ses nouveautés en matière d’intelligence artificielle, et donner quelques détails sur Bard, le service censé concurrencer ChatGPT. Le tout également en live diffusé dans le monde entier. Maps, Lens, Google Art & Cultures et donc, Google Search sont concernés par les potentialités de l’intelligence artificielle, avec pléthore de nouveautés annoncées. À l’aube de sa vingt-cinquième année, et attaqué sur ses bases, Google veut réaffirmer qu’il est bien présent sur le terrain de l’IA, et sur le Search.
C’est à Paris, à deux pas de la gare Saint Lazare que Google a choisi de reprendre le pouvoir sur la bataille de l’intelligence artificielle, le jour même où Microsoft annonce intégrer ChatGPT, d’OpenAI, à son moteur de recherche Bing. Rappelant que Paris constitue l’un des premiers centres de recherche en matière d’IA et de mathématiques du groupe et vantant la culture scientifique de la France et de la ville, Prabhakar Raghavan, vice-président Senior de Google, knowledge et Information a ouvert la séance. Google veut se repositionner comme un leader en recherche et d’innovation, une position que le succès de ChatGPT a écorné. Dans l’auditorium du siège parisien, on parle toutes les langues. Chaque intervenant se succède sur la scène, pour présenter les innovations, en lisant le prompteur projeté sur le mur d’en face. Tout est carré et a été préparé.
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Si Google a annoncé lancer Bard la veille, l’IA de langage génératif n’est encore qu’en version d’essai. « Une version restreinte, pour tester et avoir des retours, avant de passer à une version bien plus avancée, ensuite », prévient Prabhakar Raghavan. Deepmind, la filiale d'IA du géant, absente du projet pour le moment - pourrait prendre davantage de place dans la suite, pour des modèles plus élaborés.
Outre les aspects économiques, Bard, répondra par du texte à des questions complexes en citant les sources. Il sera intégré directement dans Google Search, mais pose des interrogations autour de la modération notamment – largement questionnées par les journalistes présents, sûrement inquiets pour la qualité de l’information. Google répond justement que c’est une question fondamentale pour eux – le géant joue son image et les États n’accepteront pas de débordement à ce sujet. Mais le modèle nécessite donc des ajustements, d’où l’ouverture à un groupe restreint au départ. Idem, quid du modèle économique ? Si les internautes ne cliquent plus sur les liens pour obtenir les réponses, cela ne devrait-il pas réduire la manne publicitaire pour Google ensuite ? « Il y a un équilibre à trouver, selon les usages. Ce sont des bonnes questions, et c’est pourquoi nous prenons notre temps », affirme Google. D’où un plan d’action encore flou, et un passage à l’échelle repoussé sans date précise. Si Bard ne laisse aucun doute sur ses avancées techniques et ses avantages face à ChatGPT (connecté au web par exemple, donc plus réactifs sur l’actualité) on comprend en creux qu’il reste encore de nombreux problèmes à résoudre, qui n’auront pas les mêmes impacts selon qu’on est Bing (quelques pourcents de la recherche dans le monde), et Google, (plus de 90 % des parts de marché dans les territoires occidentaux). C’est pourquoi le géant veut rassurer sur sa méthode, sa transparence, et son ouverture. Mais nie toutes questions « économiques » à ce sujet.
Pléthore de nouveautés
À terme, cependant, Google ne veut pas juste ajouter un service d’IA à ses fonctions, mais bien lancer un programme général et devenir la référence. « Nous lancerons des API d’IA générative pour que d’autres entreprises puissent créer elle-même leurs propres fonctionnalités à partir de nos technologies », ajoute Prabhakar Raghavan. De quoi devenir un standard ? « Nous savons que ce sera un marché compétitif, et qu’il existera d’autres offres », indique le vice-président.
Mais le gros des annonces ne concernait pas tant Bard, ce mercredi. Elizabeth Reid, VP Search de Google, a présenté les nouveautés de Google Lens, l’application qui permet de rechercher directement par une image. Depuis septembre, Google a lancé le Multisearch, qui permet de mêler Image et texte dans la recherche. Cette fonction sera désormais étendue à tous les pays, à partir de ce jour, et intégrera de nouveaux paramètres comme la localité. « Photographiez un gâteau, une ville, et l’application vous permet de trouver un magasin où vous le procurer », démontre l’ingénieure. La recherche par l’écran – qui deviendra « le prochain clavier » pourrait devenir une nouvelle norme pour Elizabeth Reid. Les outils d’IA permettront ainsi de mélanger les paramètres vocaux, picturaux, textuels, pour « simplifier les interactions avec la technologie » et atteindre une approche holistique. Il s’agit donc ici d’une extension d’une fonctionnalité déjà ouverte aux États-Unis depuis plusieurs semaines.
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Mais c’est sûr Google Maps que les annonces sont les plus spectaculaires, avec l’intégration de différents services : la création d’une carte en 3D pour différentes villes et différents monuments, déjà présentée aux États-Unis en septembre, et – enfin – la réalité augmentée dans maps. Il vous suffit de filmer le décor autour de vous pour avoir les indications des monuments, magasins, et informations relatives. Idem, l’indication du chemin pour les piétons sera plus précise, et ira jusqu’à vous indiquer votre chemin dans un aéroport… Une véritable avancée pour les utilisateurs en termes de réalité augmentée, et qui replace Google dans la course aux informations des petits commerces. Lesquels refuseront d’apparaître sur le plan en live que les touristes utiliseront dans toutes les villes ?
Des nouveautés en partie déjà présentes dans les cartons de Google. Quant à savoir si l’annonce de Bard a été avancée par le succès de ChatGPT, Prabhakar Raghavan indique que « nous sommes sur le chemin de l’IA depuis longtemps et c’est un long chemin ». Reste que le géant présente avec Bard un nouveau produit avec beaucoup de précisions, et forces détails sur ses conséquences, tout en précisant qu’il est encore à l’état de travail… Et le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas dans ses habitudes de présenter des projets.