Premières Nouvelle-Aquitaine est une structure régionale qui accompagne les femmes et les équipes mixtes dans l’entrepreneuriat. Sa directrice Christine Panteix revient sur l’évolution de l’entrepreneuriat féminin en France, les solutions vers plus de parité, les enjeux des équipes mixtes innovantes…
Les Premières Nouvelle-Aquitaine célèbrent leurs 10 ans. En quoi consiste cette association ?
CHRISTINE PANTEIX. Il s’agit d’un incubateur, une structure qui aide les start-up en leur offrant formation, conseil et financement. Il est réservé aux créatrices d’entreprise ayant des projets innovants. Nous leur apportons un accompagnement personnalisé, des ateliers collectifs, une mise en réseau (petits-déjeuners, rencontres d’acteurs locaux nationaux ou internationaux…) et une mise à disposition de bureaux en open space. J’en ai été la première salariée il y a dix ans. J’en suis aujourd’hui la directrice. Les Premières Nouvelle-Aquitaine est une structure indépendante mais fait partie d’une fédération au niveau national : Les Premières, présente un peu partout sur le territoire. L’idée est d’accompagner mais aussi de coacher ses femmes qui souffrent souvent d’un manque de confiance. La Nouvelle-Aquitaine est la troisième région française en nombre de femmes cheffes d’entreprises, derrière la Bretagne et la Normandie.
Comment avez-vous vu évoluer l’entrepreneuriat féminin ces 10 dernières années ?
Entre 2017 et 2022, le nombre d’entreprises dirigées par des femmes a augmenté de 44,8 %. Aujourd’hui, un quart des entreprises sont dirigées par des femmes. Ces chiffres sont très encourageants. Sur le sujet de la création d’entreprise, le chiffre est bon aussi : 40 % des entreprises sont créées par des femmes. Toutefois, si on regarde plus en détail, parmi les femmes chefs d’entreprise, 70 % n’ont aucun salarié, 22,5 % ont de 1 à 5 salariés et donc seulement 7,5 % plus de 5 salariés… En réalité, la majorité des femmes entrepreneures sont des personnes à leur compte, en microentreprise, qui travaillent souvent chez elles, seules, avec aucun salarié. Dans l’écosystème technologique, à peine 10 % d’entre elles dirigent ou codirigent une start-up. Pourtant, les role models sont de plus en plus nombreux. Et c’est l’un de nos objectifs de contribuer à la visibilité des femmes qui réussissent et inspirent les autres. On constate qu’au sein des sociétés, tout le monde a saisi l’enjeu de la mixité. On ne nous prend plus pour des militantes féministes de base. Et puis, chacun a bien en tête les études de McKinsey qui ont prouvé le lien entre parité et performance des entreprises (+25 %).
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Quels obstacles à l’entrepreneuriat féminin persistent encore ?
La principale barrière qui empêche les femmes de se lancer reste l’autocensure. Il demeure en France une image de la femme qui ne doit pas prendre de risques. D’ailleurs, l’un de nos chantiers est de favoriser l’entrée des femmes sur le secteur de la reprise d’entreprise, où elles sont quasiment absentes. Pourtant, bien souvent les boîtes peinent à trouver des repreneurs. Mais les femmes n’osent pas. Il y a un vrai besoin des femmes d’être coachées sur la « posture entrepreneuriale », de se positionner en leader et d'occuper mieux l’espace dans un environnement qui est encore très masculin. À noter que l’entrepreneuriat féminin a connu un vrai recul pendant les deux premières années de la crise covid. Beaucoup de femmes ont dû jongler entre enfants et ambition. Et nous sommes d’ailleurs encore en phase de rattrapage.