François Bitouzet pour un nouveau Vivatech, Nicolas Dufourq à la BPI, Nicolas Rieul face aux géants et surtout peut-être enfin des femmes dans la tech ? Qui faut-il suivre en 2023 ? Un article aussi disponible en version audio.
Les femmes de la tech, plus plus plus !
Elles n’auront pas le choix, elles devront faire 2023, car le monde de la Tech, aussi progressiste se revendique-t-il, n’arrive pas du tout à avancer de ce côté. Plusieurs études ont montré fin 2022 que les femmes n’étaient pas du tout représentées à la direction des start-up, que ce soit celles du Next 40, comme celles du French Tech 120. Pire, elles sont mêmes à la traîne par rapport au vieux paquebot du CAC40, avec seulement 18% de CEO qui s’identifient comme femmes contre 20% pour les plus grosses entreprises françaises, selon une étude de BCG. Mais pire, une toute dernière étude du cabinet Spike va plus loin, estimant qu’au-delà des postes de direction, ce dont plus généralement tous les postes à responsabilités, au sein des entreprises du Next 40 qui se voient privées de femmes : direction financière, direction technique, des produits, direction des opérations etc. Alors que les chiffres globaux de parité au sein des entreprises ne sont pas si mauvais (en moyenne 47% de femmes) dès qu’on gravit les échelons, seuls les hommes prennent la place. Une tendance qu’il va falloir renverser quand on sait l’importance de la représentativité des diversités dans les mécanismes de développement technologique.
François Bitouzet, le défi du renouveau
Il prend la suite du plus gros événement technologique de France. François Bitouzet, ancien directeur de PublicisLive Paris, la filiale événementiel de Publicis, remplace Julie Ranty, qui a fait ses adieux lors de la dernière édition 2023. Vivatech, avec plus de 91 000 visiteurs en 2023, a su s’imposer en quelques années comme un des événements technologique international majeur en Europe, et doit maintenant prouver sa capacité à durer et se réinventer, dans un contexte tendu pour la tech, en pleine crise de financement. Mais François Bitouzet, formé chez Euro RSCG, passé par le World Innovation Summit for Education, et en tant qu’ancien dircom de voyages-sncf.com a plus d’un tour dans son sac.
Nicolas Dufourcq, BPI forever
Il est le patron de la Banque Public d’Investissement depuis 2013, et son mandat prendra fin début 2023. Mais, un temps donné démissionnaire, il a choisi de briguer un troisième tour de manège et de poursuivre l’aventure. A 59 ans, ce passionné d’anciens instruments – notamment de violon – devra reconstruire une équipe de direction après les départs de plusieurs de ses cadres, dont Benjamin Paternot, patron de l’activité des fonds, et toujours continuer à financer l’écosystème de la tech. Un rôle d’autant plus important alors que les taux d’intérêts plus élevés brident les fonds d’investissements, et que les critères d’investissements sont devenus de plus en plus stricts.
Nicolas Rieul, face aux géants
A 33 ans, le patron de Criteo France aura du pain sur la planche. Confirmé à la présidence de l’Alliance Digitale, depuis la fusion de l’IAB France avec la Marketing Mobile Association, il a aussi été élu en 2022 président de l’IAB Europe, qui fédère toutes les IAB européennes. Le voilà à la tête de tous les fronts communs face aux géants américains. D’une part, c’est l’année de la dernière chance pour les cookies tiers. Google les supprimera courant 2024, et il ne reste que quelques mois pour que l’internet ouvert établisse des solutions concrètes et ne se fasse pas dicter sa loi. Mais c’est aussi l’année de fin des discussions avec les autorités européennes concernant l’avenir du TCF, le Transparency and Consent Framework, qui a été déclaré non conforme avec le RGPD en 2022. L’IAB planche sur une nouvelle mouture que les sites puissent récolter et échanger des données. Ce sera aussi l’année des discussions avec la Cnil concernant les applications mobiles, le gendarme du web voulant clarifier les pratiques du secteur, et de la lutte contre Apple concernant sont mécanisme d’App Tracking Transparency, qui fait beaucoup de tort aux éditeurs d’applications. Enfin, en tant que patron de Criteo, Nicolas Rieul devra également positionner son entreprise en solution de Retail Media indépendante sur un marché en très fort développement, depuis que Carrefour a décidé de faire cavalier seul, avec la solution Citrus Ad de Publicis. Pas de quoi chômer !
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Jean-Noel Barrot, ministre souverain
La souveraineté numérique n’aura jamais été aussi loin, s’incarnant dans ce nouveau Ministre délégué au numérique, qui se fait plus pressant sur les questions internationales. Concernant le Cloud notamment, cet économiste de formation, spécialisé sur le financement de l’innovation, incarne la volonté de son Ministre référent, Bruno Le Maire, de forcer les entreprises à stocker les données sur le territoire, et de tout faire pour développer de nouvelles solutions « Made In France ». Même si certains professionnels restent dubitatifs quant aux délais de réussite d’un tel mouvement technologique pour l’Europe et la France. Il aura la charge également de transposer avec les autorités le Digital Service Act dans le droit français en 2023. Une grand page du numérique à écrire.
Gregory Gazagne, Snap
Nommé en juillet 2022 à la tête du bureau français de Snap, à la suite d’Emmanuel Durand, Grégory Gazagne aura à cœur de pousser encore ce marché ô combien important pour le groupe. Alors que Twitter patine avec Elon Musk, que Meta s’interroge encore sur la définition du métavers, à bien y regarder, Snapchat semble plus armé sur le long terme en misant sur la réalité augmentée davantage que sur le métavers ou la réalité virtuelle. Mais la plateforme, touchée de plein fouet par l’ATT d’Apple qui pénalise ses revenus, bloquant le ciblage précis des audiences, doit convaincre autrement les annonceurs pour assurer sa rentabilité. Les défis restent nombreux donc, pour le nouveau patron français, surtout face à TikTok, qui rafle tout sur son passage.