Pendant longtemps, le lifestyle était l’apanage de l’influence. Désormais, certains créateurs de contenus tirent leur épingle du jeu en se positionnant sur des segments dits « de niche ». Zoom sur trois profils à suivre de près.
Jordan Perrigaud, chasseur de fantômes
Jordan Perrigaud s’est spécialisé sur l’urbex et le paranormal depuis 2013, des secteurs qui cartonnent sur les réseaux sociaux. Aujourd’hui âgé de 25 ans, il est présent sur les principales plateformes, bien que plus suivi et actif sur YouTube, où il cumule pas moins de 360 000 abonnés. Véritable explorateur, il publie chaque semaine des vidéos dans lesquelles il part à la découverte des lieux les plus effrayants de France, à la recherche d’entités et de phénomènes paranormaux. Sa communauté est plutôt jeune, masculine et accro à l’adrénaline, et ça, les annonceurs adorent ! « Les marques de divertissement ou d’appareillage technique sont intéressées par un placement sur la chaîne de Jordan, indépendamment du sujet de la vidéo », confie Carine Fernandez, fondatrice de l’agence Point d’Orgue, qui accompagne le créateur. Jordan Perrigaud collabore principalement avec des marques du secteur high-tech, comme Microsoft, NordVPN ou encore Wondershare Filmora (éditeur vidéo pour débutants).
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Benjamin Brillaud, passionné d’histoire
« Mes chers camarades, bien le bonjour ! » C’est de cette manière que commence chacune des vidéos de Benjamin Brillaud, créateur de contenu depuis 2014, plus connu sous le pseudo Nota Bene. Sur YouTube, il est suivi par plus de 2 millions de personnes, des passionnés de vulgarisation historique, qui souhaitent en apprendre davantage sur toutes les époques et toutes les zones géographiques. Benjamin Brillaud s’est rapidement professionnalisé. Il travaille désormais avec une équipe d’une dizaine de personnes, il a créé des podcasts, rédigé des livres, ouvert une seconde chaîne, collaboré avec Arte sur une série nommée History’s Creed et récemment, a même lancé une marque de puzzle autour des mythes et des légendes. Rien n’arrête le créateur, dont les annonceurs adorent le contenu. Dassault Systèmes, National Geographic ou encore le Centre d’histoire de la résistance et de la déportation de la ville de Lyon font partie des marques qui ont collaboré avec Nota Bene. Il faut dire que la chaîne cumule plus de 281 millions de vues au total. Une belle vitrine !
Grégoire Gibault, vulgarisateur de santé
Kinésithérapeute depuis plus de 12 ans (et toujours en activité), Grégoire Gibault a créé le personnage « Major Mouvement » en 2018, en partant d’un constat simple : une partie de l’information publique dans son domaine est erronée depuis des années. Depuis, tout s’enchaîne pour lui. Il est approché par des institutions comme Paris 2024 ou La Ligue contre le cancer pour communiquer sur les réseaux sociaux autour de thématiques liées à la santé. Il réalise des interventions de prévention en entreprise, devient chroniqueur sur France 2 dans l’émission Antidote, et écrit des livres, dont le premier 10 clés pour un corps en bonne santé, aux éditions Marabout, qui s’est vendu à plus de 180 000 exemplaires. Les marques ne manquent pas de le contacter mais sont triées sur le volet : Grégoire Gibault n’accepte que les collaborations qui souhaitent faire avancer la santé, comme LPG Medical ou Doctolib.
La création au-delà du digital
Les créateurs de contenu ne cessent d’explorer de nouveaux territoires en dehors du digital. En août, avec l’Hôtel Mahfouf (qui devrait connaître une nouvelle édition pour Noël), Léna Situations a dépoussiéré l’ancien « meet-up », événementialisant ses célèbres vlogs. « Léna avait eu l’idée avant le covid mais tout a été mis en stand-by. Avec l’Hôtel Mahfouf, on s’est rendu compte que Léna est un réseau social à elle toute seule, et bien utilisés, les réseaux sont d’utilité publique », confie Chadia Spahija, fondatrice de Screen Agency, qui épaule Léna Situations dans ses idées créatives. Autre événement d'envergure : le GP Explorer, organisé le 8 octobre 2022 par Squeezie. Cette course de F4 a réuni 22 créateurs de contenu, 40 000 spectateurs, et plus d’1 million de viewers sur le live Twitch, un record. Une dizaine de sponsors se sont associés à l’événement, qui aurait coûté entre 2,5 et 3 millions d’euros. « Le GP Explorer, c’est le signe que les très bons créateurs quittent le social et intègrent la pop culture », estime Pierre-Hubert Meilhac, directeur général d’Ogilvy.