C’est d’avoir les idées qui est fun, pas d’en parler. Mais on peut parfois tirer quelques enseignements utiles, fondés sur la seule chose qui compte : ça a marché. C’est le cas des mascottes des JO de Paris 2024.
Les bonnes idées disent non. Avec l'expérience, nous devenons experts dans l'art de savoir ce qu'il faut faire, ce que veut notre partenaire. C'est très bien pour votre couple, mais mortel pour la créativité. Les bonnes idées sont ce qui peut être, pas ce qui devrait. Pour la mascotte, l'équipe a dû résister à plus de cent ans d'exemples. Car faire mieux, c'est faire différent. Ils ont donc exclu les animaux à fourrure et refusé le symbole graphique (St Jean Widmer, pardonnez-nous). Ils ont dit non. Non est un excellent point de départ. C'est le signe que vous avez une opinion. Et les grandes idées se cachent souvent derrière.
Les bonnes idées sont gênantes
Une fois dit non, il faut proposer mieux. Mais c’est quoi, mieux ? Un indice : visez le bizarre. La gêne. C'est exactement ce qui s’est passé. Martin a eu une idée bizarre : un objet inanimé, un vêtement, symbole de la Révolution française : le bonnet phrygien. Panique ! « C'est froid, sans vie ! Personne ne connaît ! C'est le symbole de la partie la plus violente de notre histoire, entachée de fleuves de sang ! Et le nom, mec... J’peux même pas l'épeler ! » C'était bon signe : nous étions en terrain inconnu. Aucune carte n’indique le trésor : il est dans la partie vierge. Alors, cap sur le gênant !
Les bonnes idées grandissent
Nous sommes des jardiniers : nous cultivons les idées et récoltons leurs fruits. C'est un travail difficile, on a les mains pleines de terre, mais c'est gratifiant. Alors pour savoir si une idée est bonne, il faut d’abord voir si elle pousse ou non. Les Phryges ont commencé par un simple mot – pas même un gribouillis – en fin de réunion. Mais depuis, ils n’ont cessé de grandir : quand Valentin a fait les premiers dessins, quand le client a trouvé le nom, etc. Et quand l'équipe a impliqué de nouvelles personnes, ce fût comme arroser la plante : elle a grandi encore plus. Alors ne soyez pas le gardien de vos idées : soyez-en le jardinier.
Les bonnes idées sont têtues
En tant que directeurs artistiques, ou de création, nous tendons à croire que c’est cela notre job : diriger. Eh bien non ! Et comme toutes les grandes idées, les Phryges ont résisté, et refusé d'obtempérer. Quand l’équipe a essayé de les rendre plus sérieux, d’agrandir la famille, de les manga-ifier, et tant d'autres fois... C'est ce qui distingue les bonnes idées des autres : ce sont des emm*** obstinées. Écoutez-les : ce sont elles qui savent.
Les idées ont leur propre énergie
Si ce n'est pas un défi, cela n'en vaut pas la peine. Alors forcément, c'est effrayant. Mais seulement au début. Car plus vous travaillez, plus cela devient facile. C'est comme le vélo: à un moment, les grandes idées semblent avancer d'elles-mêmes. Les Phryges semblaient inarrêtables : les créatifs ne cessaient de se pointer avec de nouvelles avancées, de nouvelles applications, etc. Alors oui, ce ne fût pas toujours facile (essayez de créer un costume en forme de chapeau pour que des gens dansent avec, vous verrez !), mais cette idée voulait réussir.
Tout est dans les applications
Si c'est une bonne idée, elle résistera, même aux esprits tordus qui veulent briller en réunion en prédisant tout ce qui peut aller mal. Voir le potentiel positif est difficile : il faut voir plus loin. Et les Phryges nous ont montré qu'au-delà de l’idée, c'est l'application qui compte. Cérémonie, merchandising, autocollants, chaque brief a permis de les améliorer. Donc, lancez votre soldat dans la bataille. Et s’il meurt ? Eh bien, le prochain sera plus résistant !
Les grandes idées ne sont pas les bienvenues
La principale réaction du public à l'annonce de Phryges a été un pic dans les recherches Google pour « clitoris ». Tu parles d’un accueil chaleureux ! Mais un bon signe : ils sont devenus instantanément célèbres. Toute publicité, même mauvaise, est donc bien bonne à prendre. C'est un test, non pas de l'idée, mais de votre foi en elle. Tenez bon.
Les bonnes idées finissent par l'emporter… à la fin
Même lorsque les Jeux olympiques ont commencé, personne n’était sûr du succès des Phryges. Leurs parents les aimaient, certes, mais les autres ? Les 8,16 milliards d'autres ?
La mauvaise nouvelle, c'est que seul le terrain peut le dire, et le temps. Ce n’est qu’après 15 jours que leur sort est devenu clair : quand ils ont trébuché sur scène et que la foule a émis un « O-oh ! » affectueux. Alors, soyez patients. Ce qui a fait du Cojo un si bon client, ce n'est pas seulement son amour de la créativité, c'est aussi sa ténacité.