Les Jeux olympiques et paralympiques de Paris ont connu un retentissement mondial. Retour sur un succès basé sur une grande idée et une exécution parfaite.
Les Jeux paralympiques se terminent à peine et on a encore des étoiles plein les yeux. Ces jeux ont fait renaitre des sentiments insoupçonnés, une très grande fierté pour notre pays, pour ses athlètes, pour la beauté de son patrimoine, pour ses capacités organisatrices sans faille; le sentiment indescriptible que la France a un «incroyable talent», un «je ne sais quoi» qui nous classe au rang des plus grandes nations. Et d’une certaine façon, nous venons de (re)découvrir de façon éclatante que ce soft power parle au monde entier et qu’il est bien plus riche et complexe que l’image d’Épinal renvoyée par Emily in Paris.
Contrairement à ce qui a pu être écrit, le succès de ces jeux n’est pas inattendu. C’est le triomphe de la constance dans une conviction, celle de placer l’audace créative au-dessus de toute autre considération ; à commencer par cette idée folle d’organiser les Jeux au cœur même de la capitale. Dès l’attribution en 2017, les choses étaient écrites, ce qui guiderait cette olympiade ne serait pas la raison mais l’émotion.
L’équation de son succès tient peut-être en deux points : une grande idée et une exécution parfaite. La grande idée s’incarne dans la signature «Ouvrons grand les Jeux» avec une volonté affichée d’imaginer des jeux très inclusifs et de penser très grand et très spectaculaire cet événement. Mais comme toute grande idée, elle n’aurait pas eu le retentissement mondial qu’elle a rencontré sans une mise en œuvre remarquable.
Le comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques, porté notamment par la fougue de Thierry Reboul et des équipes de la Marque, n’a jamais cessé de clamer sa volonté de ne pas faire comme les autres, d’inventer, de porter toujours plus loin les idée et leurs traductions… La gageure est d’avoir tenu cette ligne, durant toutes ces années, sans concessions.
- Pas de plan B pour la cérémonie d’ouverture sur la Seine. Un projet totalement fou et déraisonnable dont la grandeur a même supporté l’affront de la pluie.
- Pas de sous-cérémonie pour l’ouverture des Jeux paralympiques et un spectaculaire défilé à la Concorde. Chapeau Thomas Jolly. Et plus globalement, un soin apporté à la préparation et à la médiatisation de ces Jeux paralympiques inégalé.
- Pas de gentil animal mascotte mais un bonnet révolutionnaire décalé qui tranche avec les éditions précédentes… et qui promeut l’égalité oly-para, tout en visibilisant le handicap.
- Pas de «papier peint» mais des sites sublimés par une identité visuelle aux couleurs mémorables qui ont fait vibrer Paris et les villes hôtes et qui ont donné de l’éclat aux stades.
- Pas de coq mollasson mais une identité de l’équipe de France frontale et combattive destinée à faire mentir Coubertin. Non, l’essentiel n’est pas de participer, seule la victoire est source de fierté.
- Pas de distance entre les supporters et les athlètes au Club France ou lors du Marathon pour tous.
- Pas de pictogrammes définissant un genre ou un handicap mais des blasons portant fièrement les valeurs du sport.
- Pas de concession à la mode, aux modes devrais-je dire tant des registres différents ont été explorés, de Daphné Burki aux stylistes de Decathlon en passant par ceux de Berluti.
- Pas de faute de goût dans le choix d’associer Louis Vuitton ou Mathieu Lehanneur dans le design de la torche ou de la vasque olympique.
Et que dire de cette joyeuse et éclectique playlist de talents qui ont enflammés les jeux ; de Aya Nakamura à Armanet, de Johnny à Lucky Love, de Gojira à Axelle Saint-Cirel. La France a montré son melting pot culturel et la richesse de ses inspirations.
Partout l’audace créative l’a emporté. Et comme le titrait le Wall Street Journal début août : « the biggest surprise of the Paris Olympics : even french have nothing to complain about »; la France a surpris le monde entier, en portant sur elle-même un regard étrangement bienveillant. Et si c’était ça l’héritage des Jeux (plutôt que de laisser les anneaux olympiques trôner sur la tour Eiffel) : le courage, la persévérance et la liberté créative. Cela nous ferait tellement de bien.