Julien Carette et Christophe Coffre, respectivement PDG et directeur de la création de l’agence de communication Havas Paris, se sont mis « en retrait » de leurs fonctions après des accusations de harcèlement et d’agressions sexuelles.
Comme Stratégies l’annonçait ce 1er mai 2022, le groupe Havas, filiale de Vivendi, a annoncé dans un mail interne qu’un cabinet indépendant, le Cabinet Équilibres, a été mandaté afin de réaliser un audit interne.
Ceci, à la suite de témoignages parus sur le compte Instagram Balance Ton Agency, qui mettent en cause l’agence Havas Paris et ses deux co-présidents, Julien Carette et Christophe Coffre, dans des affaires de harcèlement, les deux hommes ont décidé de se mettre en retrait pendant le temps que prendra l’audit.
Une vingtaine de témoignages anonymes, publiés par le compte Instagram Balance Ton Agence, dénoncent depuis près d’une semaine l’ambiance sexiste régnant de longue date au sein de l’agence et mettent en cause ces deux responsables.
Aux manettes depuis une dizaine d’années de l’agence dont ils sont aujourd’hui coprésidents, les deux hommes sont accusés d’avoir cherché à « embrasser » ou « toucher » à de multiples reprises des collaboratrices parfois stagiaires, dans les locaux de Havas Paris ou lors d’événements extérieurs. « JC c’est un type brillant mais il a la sexualité d’un ado. […] Sous couvert d’être saoul, après deux verres, il saute sur tout ce qui bouge. Pareil pour le DC (directeur de création) de Havas Event. Je me souviens de prévenir les stagiaires de ne surtout pas les approcher lors des soirées agence », selon l’un de ces témoignages.
« Commentaires sur toutes les tenues vestimentaires, mains sur l’épaule et la taille, bises très proches de la bouche, je l’évitais et ne redoutais qu’une chose, me retrouver face à lui », raconte une ex-collaboratrice à propos de Christophe Coffre.
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D’autres se souviennent à son propos d’un geste simulant un acte sexuel, et de propos déplacés. Les faits remontent selon les cas à deux-trois ans et jusqu’à 10 ans et ont parfois conduit à des départs associés à des accords de non-divulgation, indique à l’AFP Anne Boistard, créatrice en 2020 du compte Balance Ton Agency pour dénoncer les dérives des agences de communication. « Tout le monde le savait et tout le monde le sait », poursuit-elle, évoquant « une trentaine » de victimes, même si « depuis MeToo, ils se sont calmés ».
Les deux dirigeants continuent de travailler pour l’agence, a précisé le dirigeant de Havas à l’AFP. Mais « ils n’animent pas de réunions et sont en retrait pour tout ce qui est management de l’agence », a-t-il poursuivi.
« On parle d’une vingtaine de personnes qui se sont exprimées dans une agence qui a vu passer près de 4 000 salariés », a-t-il indiqué. Havas Paris est l’une des trois plus grandes agences de communication de Paris, avec quelque 600 collaborateurs. Le groupe Havas est dirigé par Yannick Bolloré, fils de Vincent Bolloré qui contrôle le groupe Vivendi.