Paul-Emmanuel Reiffers, président fondateur du groupe Mazarine, revient sur les grandes actualités dans le secteur du luxe.
Les 30 ans du groupe Mazarine en novembre.
Trente ans, c’est un vrai cap ! Le groupe, qui compte 500 collaborateurs et près de 200 millions d’euros de chiffre d’affaires au global, est arrivé à une étape clé qui lui permet d’assumer un développement international très fort, aux États-Unis, en Chine ou au Moyen-Orient. Nous visons 50 % de chiffre d’affaires à l’international à l’horizon quatre à cinq ans, contre 20 % aujourd’hui.
Le marché mondial du luxe qui devrait atteindre 1 500 milliards d’euros en 2023, soit 8 à 10 % de croissance, selon une étude Bain & Company / Altagamma dévoilée mi-novembre.
Après une très grosse accélération en 2022, c’est un retour à une croissance normale. Cela va sûrement freiner un peu à la suite de tous les mouvements politiques et économiques dans le monde et notamment de l’inflation. Cette croissance est le signe d’une globalisation et d’un enrichissement du monde.
Antoine Arnault qui quitte la direction générale de Berluti et devient directeur général de la holding Christian Dior SE.
C’est positif. Berluti a multiplié ses ventes par huit [depuis la prise de fonction d’Antoine Arnault]. Celui-ci quitte la direction générale l’année où l’entreprise retrouve sa profitabilité. Il va renforcer le management à un autre niveau dans le groupe LVMH. Cela veut dire aussi que le groupe grandit.
La grève des équipes créatives de Gucci (Kering), le 27 novembre, en Italie, contre leur transfert de Rome à Milan.
Difficile de se prononcer car on ne peut pas juger de dossiers que l’on ne connaît pas. Le droit de grève est universel. Une différence entre la France et l’Italie est qu’en France, beaucoup de bureaux de style sont regroupés à Paris. En termes de management, Kering a dû faire un choix. Milan est la ville où la mode est la plus présente. Je fais confiance à Gucci et à Kering pour trouver un accord. Gucci est en réorganisation. À chaque réorganisation, vous devez gérer des hommes. La gestion est très importante dans une entreprise.
Le partenariat entre LVMH et Stanford HAI (le Human-centered artificial intelligence Institute de l’université de Stanford aux États-Unis), annoncé peu avant le premier anniversaire de ChatGPT, le 30 novembre.
Le groupe LVMH investit fortement en R&D. Cela semble normal qu’il investisse dans l’intelligence artificielle. Comme tout grand groupe, il a besoin de l’IA, et s’il peut prendre de l’avance, c’est intelligent, novateur. C’est normal qu’un leader dans le monde ait envie de rester dans le peloton de tête sur ce sujet. Nous aurons tous besoin de l’intelligence artificielle pour être créatifs, nous aider à prendre des décisions, à passer plus de temps sur des sujets de réflexion. L’IA est un accélérateur d’information qui permet d’être plus performant.
Le jeu vidéo de Cartier (groupe Richemont) sur le thème du voyage, en lien avec sa campagne de fin d’année.
Tout en prolongeant la campagne de Publicis sur le voyage, ce jeu permet de faire naître des interactions avec les clients et futurs clients. Les marques ont besoin de créer de la vie autour d’elles, par exemple celles qui n’ont pas de défilés de mode pour le faire, mais pas seulement. Ce jeu est un moyen d’établir une connexion avec les consommateurs, c’est innovant de la part de Cartier. Les grandes marques veulent rentrer dans l’entertainment, l’expérientiel est de plus en plus important pour elles. Les consommateurs ne viennent pas seulement acheter un produit mais vivre quelque chose…